le département des Sports présentera sa vision de ce que devrait être ce secteur important et stratégique (ah bon ?) en l'an... 2030 Très bien, mais encore faut-il que l'on se souvienne de tout ce qui a été fait dans ce domaine et tous les plans concoctés par les générations de techniciens qui ont planché, des semaines et des mois durant, pour présenter quelque chose de sérieux, d'approprié et de concret. Sans pour autant verser dans le subjectif, ou disqualifier l'effort de réflexion de tous ceux qui y ont contribué, nous ne pouvons qu'émettre quelques remarques et suggestions pour contribuer un tant soit peu à cet élan pour lequel nous ne souhaitons que deux choses : 1-Que ce ne soit pas un travail cannibalisé et plagié tel que ce fut le cas du plan (qui n'a jamais vu le jour) de réorganisation des clubs professionnels et leur conversion en SOS. 2- Que le fruit de ce travail ne finisse pas dans les sous-sols du ministère des Sports, perdu dans la montagne de paperasses traitant du même sujet. En effet, on a tendance, par fierté ou pour d'autres considérations qui nous échappent, à vouloir marquer son passage dans ce ministère par l'élaboration d'un «programme» de relance et de «reprise en main» du sport et de l'infrastructure sportive et dont les conclusions connaissent la même fin : dans les sombres oubliettes de l'histoire. Il ne faudrait nullement s'efforcer d'inventer la boule de cristal pour se rendre compte que depuis des années, rien ne va plus au niveau de l'Education physique et du sport. Les chiffres et les statistiques sont là pour mettre à nu notre drame. Que notre infrastructure, faute d'entretien, se détériore à une vitesse vertigineuse, alors que la Tunisie était le pays refuge de toutes les confédérations africaines, lesquelles, sans exception, étaient certaines de trouver dans notre pays les moyens humains et infrastructurels pour organiser n'importe quelle compétition, à n'importe quelle époque de l'année. Des conventions non appliquées Nous ne savons pas si on a insisté sur la partie que nous considérons la plus importante de ce secteur : l'Education physique et sportive. La Tunisie a été un des premiers pays à instituer le cours d'éducation physique et sportive obligatoire pour les filles et les garçons, tant au niveau de l'école de base qu'au lycée ou en faculté. Que l'on sorte des archives les décisions prises conjointement par les ministères de l'Education nationale et des Sports pour assurer ces cours, tout en remettant à niveau les installations sportives des établissements scolaires et universitaires. Une fois les bobines de la télévision archivées, les articles parus, tout était oublié. Jusqu'à la prochaine nomination d'un nouveau ministre qui convoquera de nouvelles commissions en grande pompe, s'efforcera de démontrer l'aspect stratégique du sport et de l'éducation physique, etc. Si les promesses et les engagements avaient été respectés, il n'y aurait pas eu autant de chômage parmi les techniciens que les Ecoles de Cadres de Kassar-Saïd, du Kef et de Sfax déversent tous les ans sur le marché du travail. Des conditions lamentables Ceux qui ont préparé ces programmes ont–ils visité une école, un collège ou une université pour se rendre compte des conditions dans lesquelles travaillent ces jeunes et moins jeunes? C'est à se dégoûter du sport et de l'éducation physique ! Les directeurs d'établissements, à de très rares exceptions, de ces cours de «sport» ils s'en balancent comme de leur première chemise. Pas de terrains, pas de matériels suffisants, pas de vestiaires, en plein air, qu'il vente ou qu'il pleuve, on se plie à un « cours » qui tient bien plus du plus vulgaire formalisme qu'autre chose. Alors que le milieu scolaire est censé être le creuset du Sport national, personne n'entend plus parler de ses compétitions ou de ses résultats. Ne parlons pas du rôle qu'il joue au sein de ce secteur que tout le monde reconnaît comme stratégique parce que tout se fait et se défait à cet âge. Pourquoi a-t-on l'outrecuidance d'oublier que l'on apprenait à pratiquer un sport à l'école et non pas dans ces « académies » où seuls ceux qui sont capables de payer (très cher !) et dont la capacité d'accueil demeure insuffisante pour absorber le nombre de jeunes à prendre en main ? La première formation, la prospection était assurée par le professeur d'éducation physique ou... dans la rue. Maintenant que le béton a tout envahi et que l'EPS n'est qu'une formalité, on a tendance à l'oublier. La conscience tranquille, on délaisse les jeunes générations et on leur sert des miettes. Des milliards sont accordés aux clubs professionnels pour qu'ils les dépensent à tort et à travers, accumulent les dettes, ne paient pas leurs taxes et impôts, résorbent le chômage des pseudo-vedettes étrangères ou tunisiennes en mal d'emploi, délaissent la formation et en toute arrogance annoncent à une fréquence de plus en plus accentuée leur démission. On nous rétorquera que l'Equipe nationale se qualifie et que les clubs se classent, oui, mais à quel prix ? Est-ce au prix des difficultés que vivent la majorité des disciplines plus performantes ou de leur future disparition, ou est-ce au prix des milliers de jeunes qui n'ont ni installations, ni vestiaires, ni matériels et qui sont appelés à grossir la clientèle des cafés ? Des objectifs oubliés Relisons les objectifs qui ont été fixés à la création du «Promosport » pour se rendre compte de ce qui en reste et établissons les bilans de ce qui a été accordé pour créer ou entretenir les plateaux d'Education physique (s'ils existent) dans les établissements scolaires. Combien de terrains et d'aires de jeux pourrait-on mettre en place avec ces milliards que l'on octroie pour limiter les effets d'une grogne qui n'a pas sa raison d'être. Dans un sport qui se respecte, seuls ceux qui sont viables, qui ont les moyens de leurs ambitions, doivent faire du professionnalisme. Ceux qui n'en sont pas capables peuvent se contenter de faire du sport en amateurs. Ils rendront service au sport national et seront en mesure d'encadrer plus de jeunes. Que les ministères de l'Education, de la Jeunesse et des Sports et que les municipalités (avec des gérants qui se comportent souvent en véritables caïds) se mettent d'accord sur l'utilité de ces cours avant de perdre du temps en couchant des projets et des programmes. Que le chef du gouvernement, invité pour le cérémonial du 10 décembre, ordonne que l'on déterre des archives ce que ces départements ont convenu et pas exécuté. Il sera bien surpris. Des plans et des stratégies, on peut en pondre tous les jours, encore faut-il trouver des hommes convaincus pour les mettre à exécution.