La Tunisie commémore, ce aujourd'huii 4 décembre, le 62e anniversaire de l'assassinat du leader syndicaliste-martyr Farhat Hached. Vendredi dernier (28 novembre), sur la piste de l'aéroport Tozeur-Nefta atterrissait, vers 17h30, le nouvel Airbus A 320, flambant neuf, baptisé «Farhat Hached». Au-delà de la précieuse acquisition qui vient à point renforcer la flotte du transporteur national, Tunisair, la symbolique résonne comme un hommage posthume et prouve que la Tunisie n'oublie ni ses leaders ni ses régions intérieures, puisque le nouvel appareil va desservir essentiellement l'aéroport Tozeur-Nefta en vue de booster le tourisme saharien et le développement de la région du sud. Sharklets : Haute technologie et économie d'énergie Accueilli aux rythmes folkloriques du Djérid par des officiels et des journalistes (tunisiens et français) et arrosé d'eau (rituel, gage de porte-bonheur, dès l'atterrissage, l'avion passe sous un arc formé par deux imposants jets d'eau échappant de deux camions-citernes appartenant à la Protection civile), le nouvel appareil est arrivé directement de l'usine du constructeur européen à Toulouse (France). Flambant neuf, l'avion de 162 sièges en configuration économique (les 8 premières rangées pouvant être modifiées en classe business) a coûté la bagatelle de 70 millions de dollars US. C'est le 6e appareil acquis par la compagnie nationale dans le cadre du plan de renouvellement de sa flotte sur la période 2010-2017. Quatre autres avions du même type devront être livrés en 2016 et 2017. L'année 2015 marquera, quant à elle, l'entrée en service pour la première fois d'un autre modèle (2 appareils), à savoir le gros-porteur/long-courrier Airbus A 330. Le premier appareil devrait être livré au printemps de l'année prochaine. Cette acquisition, qui met du baume au cœur des Tunisiens meurtris par une longue période de transition démocratique mouvementée et de crise socioéconomique, est importante à plus d'un titre : «Elle traduit une volonté de redynamisation de l'aéroport de Tozeur-Nefta» déserté par les touristes et les avions depuis quelque temps déjà. «C'est la première fois qu'un avion tout neuf atterrit directement dans un aéroport local autre que Tunis-Carthage. Aussi et surtout, le «Farhat Hached» est le 1er avion équipé de Sharklets à débarquer dans un pays du continent africain». La particularité de cette technologie de pointe est l'économie d'énergie : les Sharklets, fixés au bout des ailes, permettent la réduction de la consommation du fuel jusqu'à 4%. Le transporteur national devient ainsi la première compagnie d'Afrique à bénéficier de cette nouvelle génération d'appareil plus économique en énergie et plus respectueuse de l'environnement. Favoriser le Sud Ce n'est pas sans fierté que le ministre du Transport, Chiheb Ben Ahmed, et la PDG de Tunisair, Saloua Sghaier, présentent la nouvelle acquisition, au cours d'une conférence de presse tenue sur le site de l'aéroport, en présence de leurs hôtes, des responsables du Consortium européen Airbus venus avec eux de Toulouse à bord du nouvel A 320. Conviés également à la cérémonie de réception, des représentants de la région du Djérid, dont des professionnels du transport aérien et du tourisme. L'occasion fut propice d'évoquer de nouveau les problèmes du tourisme saharien, la paralysie qui frappe l'aéroport Tozeur-Nefta et les difficultés économiques auxquelles sont confrontés autant les hôteliers que les agents de voyages. «Parmi les priorités du gouvernement actuel, le sauvetage des entreprises publiques en difficulté, dont Tunisair. Notre politique est claire et résolument orientée vers le développement des régions, le sud en particulier, et l'affectation de cet avion neuf pour l'aéroport de Tozeur, une première, en est la preuve», a dû expliquer le ministre. Et la PDG de la compagnie nationale d'ajouter: «En 2015, nous espérons le retour du trafic vers Tozeur, nous avons déjà décidé de multiplier les vols (4) vers cette destination», tout en expliquant que « la promotion du tourisme saharien dépend de plusieurs facteurs dont l'image de la Tunisie à l'échelle internationale et la coordination entre les professionnels du transport et du tourisme». De nouvelles routes africaines, américaines et asiatiques Cette acquisition est d'autant plus précieuse et symbolique qu'elle vient au moment où Tunisair traverse une période de crise générée par des contraintes intérieures et extérieures. A ce titre, un plan de redressement de la compagnie a été lancé en juin 2014 basé sur le départ volontaire de 1.600 agents relevant du personnel au sol et 200 du personnel navigant (PNC). Ce plan social a concrètement débuté le 17 octobre 2014 suite à l'accord signé par le ministre du Transport, Chiheb Ben Ahmed, avec les partenaires sociaux et la direction générale de la compagnie. Selon la PDG de Tunisair, l'enveloppe consacrée à ce plan au titre des indemnités (400 MD) a impacté négativement sur les besoins de la compagnie, notamment en termes de renouvellement de la flotte (28 appareils actuellement). Malgré les difficultés intrinsèques, les effets de la concurrence mondiale et les soubresauts économiques à l'échelle internationale, la compagnie nationale a engagé, en même temps qu'un plan de renouvellement de sa flotte, une nouvelle stratégie commerciale. Celle-ci repose essentiellement sur l'amélioration de la qualité de service, la compression des charges de fonctionnement et l'expansion du réseau de desserte avec la diversification des marchés. Les nouvelles acquisitions en A 320 et A 330 s'inscrivent, à juste titre, dans le cadre de l'ouverture de nouvelles routes sur des pays africains et, à partir de 2015, sur Montréal avec la perspective d'étendre le réseau à l'Amérique du Nord et l'Asie. Un centre de formation technique Airbus en Tunisie Une convention a été signée entre Tunisair-Tecnics et Airbus pour la création à l'aéroport de Tunis-Carthage d'un centre de formation technique en maintenance des avions Airbus A 320 et A 330. C'est le 6e centre que le constructeur aéronautique européen met en place dans le monde : 3 en Europe, 1 en Chine et 1 aux USA. Dans ce centre, la formation, la technicité et le savoir-faire d'Airbus vont bénéficier à des ingénieurs et techniciens tunisiens, africains et d'autres venant des pays du Golfe et du sud de l'Europe. Six instructeurs tunisiens ont déjà été formés et seront, à leur tour, formateurs dès mars prochain, date d'entrée en fonction du centre.