Dans ses mémoires, Abdelmajid Tlemçani, l'enfant de Bab Lakouès et baroudeur historique de l'Espérance, revient sur ses exploits personnels, mais aussi sur ses amitiés, sur les grands joueurs de l'Etoile, du Club Africain, d'Hammam-Lif et de l'UST qui ont marqué ses années de jeunesse, ainsi que sur les entraîneurs et les grands dirigeants du sport tunisien. Et il n'oublie pas les brillants journalistes de l'époque. Les férus de beau football, les nostalgiques des buteurs qui planquaient jusqu'à quatre buts par match et ceux qui ont toujours soutenu qu'on pouvait mener une grande carrière footballistique, réussir ses études supérieures et réaliser une carrière professionnelle remarquable sont servis. Abdelmajid Tlemçani, le baroudeur de l'Espérance, le meilleur buteur de tous les temps avec ses 32 buts qui n'ont jamais été égalés malgré les milliards qui sont dépensés inutilement pour ramener des buteurs africains pour marquer un but durant toute une saison ou presque, s'est ouvert au public dans ses mémoires qu'il vient de publier sous le titre : Mon parcours sang et or et dans la vie. Ceux qui prétendent tout savoir sur Abdelmajid Tlemçani grâce aux livres de Abdessattar Latrech (L'Action, Le Renouveau et Star Magazine), Abderrahmane Belakhdar et Mustapha Zoubeïdi (Le Temps, Le Sport) et Abdelwaheb Derouiche (L'Action, Le Renouveau), sans oublier notre confrère défunt Abdelmajid Ben Ismaïl (Essahafa, la TV Nationale, etc.) doivent réviser leurs connaissances. Tout simplement parce que le baroudeur de Bab Lakouès révèle dans son livre des informations que personne ne connaissait jusqu'ici. Ainsi, l'on découvre pourquoi Tlemçani a-t-il décidé de raccrocher à 25 ans, alors qu'il était au summum de sa carrière et qu'il l'a déclaré à feu Abdessalem Kenani, ministre de l'Agriculture, le jour même où il lui remettait son diplôme d'ingénieur agricole. D'autres indiscrétions montrent que l'Espérance avait réussi en tant que creuset du mouvement national et en tant qu'école de formation des jeunes parce qu'elle était dirigée par des hommes à poigne, des hommes qui considéraient les joueurs comme leurs propres enfants, qu'ils n'hésitaient pas à châtier sévèrement quand ils déviaient du bon chemin. Et le plus grand parmi ces hommes est bien le Dr Chedly Zouiten qui a passé 33 ans à la tête de l'Espérance qu'il a dirigée comme si elle était sa propre famille. Sa sévérité et son sens de l'éducation rigoureuse sont toujours présents dans l'esprit de Abdelmajid Tlemçani qui n'oubliera jamais que le Dr Chedly Zouiten n'a pas hésité à écarter de l'équipe rentrante le grand Abderrahmane Ben Ezzeddine lors d'un match à grand enjeu. Et Tlemçani d'égrener ses souvenirs et de se rappeler les grands joueurs qu'il a côtoyés à l'Espérance, dans les autres équipes et au sein de l'équipe nationale. Chatali, Kanoun, Mohamed Salah Jédidi, Habib Mougou, la tête d'or, Taïeb Jebali, Salah Néji, Mongi Hannigua et Hédi Feddou et beaucoup d'autres sont rappelés dans les mémoires de Tlemçani qui n'oublie pas aussi les entraîneurs qui l'ont formé en tant que joueur et l'ont éduqué en tant que jeune cadre dont la Tunisie avait besoin en ces premières années de l'indépendance chèrement acquise. Et comme la politique ne laisse plus personne indifférent en ces moments d'ivresse et de volupté consommées à gogo par les Tunisiens, longtemps privés de leur droit à la parole, Tlemçani consacre deux chapitres au leader Habib Bourguiba et à Habib Achour, le leader inoubliable du mouvement syndical. De la page 25 à la page 37, Tlemçani rappelle le parcours de Bourguiba en tant que leader du mouvement national et en tant qu'édificateur de l'Etat moderne. «Ben Ali a tout fait pour l'enterrer de son vivant et l'inscrire dans l'oubli après sa mort en 2000, mais voilà que Bourguiba est plus que jamais ressuscité. Même ses détracteurs d'hier lui reconnaissent aujourd'hui ses qualités d'homme d'Etat, quoique despote, mais éclairé et imbu d'humanisme», écrit-il notamment dans son hommage à Bourguiba. Mais comment avait-il connu et approché Habib Achour auquel il consacre un chapitre intitulé «Le grand Habib Achour» ? «Par la responsabilité syndicale que j'assumais à la tête du syndicat des ingénieurs agricoles, mais aussi à titre personnel, j'ai eu le privilège de connaître de si près Si Lahbib», écrit Tlemçani. Et les souvenirs de s'égrener tout au long des 170 pages des mémoires du baroudeur de l'Espérance. Un livre que les Espérantistes et tous les sportifs sont appelés à lire plus d'une fois d'abord pour les informations qu'il contient, ensuite pour la finesse et la sobriété du style de son auteur.