La vigilance au point de passage frontalier de Ras Jedir est à son apogée. Les affrontements armés entre les troupes du général Haftar et les rebelles sur le territoire libyen se sont accentués ces deux derniers jours et se sont rapprochés du territoire tunisien Hier, à l'aube, selon des témoins, deux chasseurs Mirage ont bombardé une zone à 3 kilomètres de la frontière tuniso-libyenne. Vers sept heures, les hommes du général Haftar, qui traquaient les rebelles de «Fajr Libya», ont visé un local de l'institution de la sécurité libyenne de Ras Jedir se trouvant à 5 km de la frontière et bombardé à l'aide d'hélicoptères un convoi de voitures appartenant aux rebelles du groupe « Bouclier de la Libye», dans une zone située à deux kilomètres seulement de Ras Jédir. Les explosions ont retenti dans la localité de Zouakra et ses environs, sur la route qui relie Ras Jédir et la ville de Ben Guerdane. Les habitants ont pu constater les colonnes de fumées, nous dit-on. Ces attaques, qui ont eu lieu sur le territoire libyen, ont créé un mouvement de panique de part et d'autre de la frontière. En plus des dégâts matériels, «le bilan de ces bombardements a fait un mort et quatre blessés», témoigne Haj Jilani L. à son arrivée de la ville de Zouarâa, à une soixantaine de km de Ras Jédir. Absence de dispositif sécuritaire du côté libyen Suite aux explosions, le mouvement de panique s'est également déclenché dans les rangs des douaniers tunisiens et du côté libyen au sein de la population qui a afflué vers le point de passage Ras Jedir. «La situation sécuritaire s'est, en effet, répercutée sur le point de passage Ras Jedir», a affirmé Ali Ouni, responsable à l'Office des travailleurs tunisiens à l'étranger (Otte), qui se trouvait sur place. « Le nombre d'ambulances en provenance des villes libyennes limitrophes et des passagers a nettement augmenté», a-t-il ajouté. Par contre, dans l'autre sens, à la sortie, le trafic a diminué : les Tunisiens sont empêchés de franchir la frontière vers la Libye. Serait-ce là le signe précurseur d'une guerre aux portes sud de la Tunisie ? D'après des témoins oculaires sur place, l'absence des agents de sécurité et des douaniers libyens en uniforme, de l'autre côté de la frontière, est remarquable, ce qui contribue à accroître le doute et la crainte du rapprochement des combats. Situation suivie de près du côté tunisien Du côté tunisien, à proximité du poste et le long de la frontière tunisienne, les unités de l'armée nationale ont renforcé leur dispositif et intensifié les patrouilles. Des avions de l'armée de l'air ont également survolé la zone. Ici, tout le monde est sur le qui-vive et la vigilance est à son paroxysme. Une cellule de crise a été d'ailleurs mise en place pour préparer et parer à tout afflux massif de réfugiés. A noter que la cellule de crise instaurée au sein de la présidence du gouvernement travaille en mode non-stop afin de consacrer la sacro-sainte coordination entre les troupes au sol relevant des ministères concernés, en l'occurrence de l'Intérieur et de la Défense. Une autre cellule de crise diplomatique cette fois a été mise en place au sein du ministère des Affaires étrangères afin d'être au fait à tous les impondérables au moment opportun. De son côté, le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, a nié toute violation de l'espace aérien tunisien par les Mirage libyens et a assuré que la situation en Libye est suivie de près tout en soulignant le caractère interne du conflit en Libye. Selon les derniers témoignages, la situation a retrouvé sa normalité au poste frontalier de Ras Jedir avec toutefois un renforcement du dispositif sécuritaire et militaire tunisiens. Le général Haftar avait, quant à lui, assuré, hier, que le poste frontière de Ras Jedir serait sous son contrôle dans un délai ne dépassant pas les 24 heures. Un mort et trois blessés Une personne a été tuée et au moins trois autres blessées, hier, dans un raid aérien sur une position des miliciens qui contrôlent le poste-frontière de Ras Jédir entre la Libye et la Tunisie. «Un membre de ‘‘Bouclier de la Libye'' a été tué et de trois à cinq autres ont été blessés». ‘‘Bouclier de la Libye'' fait partie de la coalition de milices, notamment islamistes, constituant Fajr Libya, qui s'est emparée cet été de Tripoli et d'une grande partie de l'ouest libyen. Des forces loyales au gouvernement reconnu et au général Khalifa Haftar mènent actuellement des offensives à l'ouest de Tripoli ainsi qu'à Benghazi, dans l'est du pays, pour tenter de reconquérir les deux plus grandes villes du pays. Ces derniers jours, elles ont réalisé plusieurs raids aériens à l'ouest de la capitale, en particulier autour de la ville côtière de Zouara, à 70 km de Ras Jédir.