une décision ministérielle jugée «mal étudiée» Décidément, il ne se passe un mois ou une semaine sans qu'il y ait quelque chose à dire de la Cnam. Tantôt c'est des affaires de fraude à ses dépens qui font du bruit, tantôt c'est un conflit qui surgit entre ses prestataires de services conventionnés (médecins, pharmaciens, etc.). Tantôt aussi c'est l'Organisation de défense du consommateur qui entre en lice. Pour lever son bouclier et hausser le ton contre la Cnam suite au projet de décision jugé frustrant pour les assurés de la filière du tiers-payant (reversement d'office des plafonnés récalcitrants dans la filière publique). Alors que l'encre et la salive n'ont pas encore séché au sujet du dernier conflit ayant, semble-t-il, hâté la solution du problème, voilà que la tension monte de nouveau au sein de la Cnam. Le problème est cette fois-ci interne. Mais pas tout à fait. Si l'on considère qu'il oppose aujourd'hui le personnel de la Cnam à l'autorité de tutelle. Mouvement de protestations Les premiers signes du problème se sont manifestés avant-hier au siège de la Cnam à Montplaisir et aux divers centres du Grand Tunis. Cela à travers des sit-in organisés par le personnel au cours de la matinée sous l'instigation du syndicat de base des employés de la Cnam. Mais pourquoi ce mouvement ? Eh bien, trois employés de la Cnam, renvoyés par le conseil de discipline dudit organisme et traduits devant la justice pour affaires délictueuses, viennent de faire l'objet d'une décision ministérielle de réintégration. Rétablis...mais non blanchis ! L'un des agents exerçant alors au centre Cnam de l'Ariana devait écoper de deux ans de prison avec sursis pour corruption. Les deux autres sont impliqués dans une affaire de faux et usage de faux à travers la constitution de bulletins de soins fictifs au profit de certains membres de leurs familles, pris en charge frauduleusement en Apci. Les deux mis en cause sont en train d'être écoutés par la police judiciaire. L'un auprès de la brigade criminelle d'El Gorjani et l'autre auprès de la brigade des enquêtes économiques à La Kasbah. Il est à préciser que les péripéties des trois affaires ont été rapportées à temps par notre journal dans de précédentes livraisons. Le réquisitoire syndical Selon Mme Hamida Labbaoui, secrétaire générale du syndicat de base du personnel de la Cnam, une telle initiative ministérielle constitue un fâcheux précédent. Dans la mesure où elle transcende les dispositions réglementaires disciplinaires régissant le personnel de la Cnam et expose les ressources de la Caisse au risque d'être détournées. Considérant que l'impunité ne fait qu'encourager la mauvaise foi et le trafic. Elle précise que les dossiers des intéressés étaient si chargés et que les faits qui leur sont reprochés étaient si accablants que les avocats de la défense ont baissé les bras et renoncé à leur réquisitoire lors de la tenue des conseils de discipline au sujet de ces cas. Mme Labbaoui tient à rappeler que l'autorité de tutelle a outrepassé ses prérogatives afférentes à la détermination des grandes lignes politiques à suivre par la Cnam, en se mêlant d'affaires de gestion du personnel et en annulant des mesures réglementaires prononcées par le conseil de discipline, souverain en la matière. Selon la même source syndicale, le personnel de la Cnam se réserve le droit de lutter par tous les procédés légaux possibles et se dit prêt à l'escalade tant que ces mesures ministérielles n'auront pas été annulées. L'on apprend que le syndicat réclame une réunion au plus tôt avec le président-directeur général pour connaître les suites que celui-ci aurait réservées à cette décision de réintégration. Telle sœur Anne Subsistent les questions suivantes. Le PDG de la Cnam est-il tenu d'exécuter la décision ministérielle même si, en son âme et conscience, il la considère irrégulière ? A-t-il la latitude de geler cette décision au cas où elle serait reconnue illégale ? Dans les deux cas, le prestige de l'Etat en sortirait bafoué et la gabegie serait le grand vainqueur ! D'autre part, nous avons fait de notre mieux pour connaître le son de cloche du ministre concerné, M. Ammar Yombaï, par conseiller de presse interposé, et publier son avis selon les bonnes règles de notre sacro-saint métier. Nos démarches ont fait chou blanc. On nous a promis une réponse dès que le ministre serait disponible. Jusqu'aux dernières heures où nous mettions sous presse, nous n'avons rien reçu. Telle sœur Anne, on attend.