Les élèves atteints de troubles spécifiques de l'apprentissage finissent par abandonner leurs études Les enfants atteints de dyslexie souffrent terriblement. Leur calvaire débute généralement à partir de la première année primaire à l'âge où on apprend à lire et à écrire. Alors que cette première phase de l'apprentissage se déroule sans anicroches pour les enfants qui n'ont pas de troubles, elle représente une première étape très difficile pour les enfants dyslexiques qui éprouvent des difficultés pour différencier les lettres et écrire correctement les syllabes. Une grande confusion règne dans l'esprit de ces écoliers qui n'arrivent pas à assimiler les méthodes classiques d'apprentissage. A partir de l'étude de plusieurs cas, les spécialistes ont identifié cinq principaux troubles de l'apprentissage : la dyslexie, la dyspraxie, la dyscalculie, la dysphasie et la dysortographie. Le premier trouble, la dyslexie est une difficulté qui apparaît au niveau de la lecture. L'enfant a du mal à associer les phonèmes (sons ) et les graphèmes qui leurs correspondent (signes écrits). Cette mauvaise association est responsable des nombreuses fautes d'orthographe que fait l'enfant en écrivant. C'est pour cette raison que les enfants dyslexiques sont également dysorthographiques. Les écoliers qui souffrent de dyspraxie ont, quant à eux, des difficultés d'ordre spatio-temporel. Ils ont du mal à s'orienter dans l'espace, à coordonner des gestes complexes, à s'organiser... Les enfants atteints de ce trouble ont des difficultés pour écrire, distinguer leur gauche de leur droite, effectuer des gestes ordonnés.... Des gènes à l'origine des troubles spécifiques de l'apprentissage Les écoliers qui ont du mal à manipuler et à mémoriser les chiffres souffrent d'un trouble communément appelé la dyscalculie. Ces enfants trouvent d'énormes difficultés à mémoriser les tables d'addition et de multiplication et obtiennent de très mauvaises notes lorsqu'ils doivent effectuer des exercices de calcul mental car ils montrent une extrême lenteur pour écrire les chiffres et réaliser des opérations mathématiques simples. Les chercheurs ont montré que ces troubles ont essentiellement une origine génétique. Cinq gènes impliqués dans la migration neuronale au cours du développement du fœtus sont soupçonnés d'être à l'origine des désordres neuronaux existant dans certaines régions du cerveau ainsi que du déficit de connexion entre les différentes aires (déficit de connexion entre les aires visuelles et les aires du langage). Ces dysfonctionnements se traduisent chez les enfants qui en sont atteints par un retard dans le niveau scolaire équivalent à une année et demie par rapport aux enfants normaux. Très mal acceptés par les parents, ces troubles se heurtent à l'incompréhension des enseignants qui taxent ces enfants de « cancres » et de «retardés mentaux». Méthodes d'apprentissage inadaptées Selon Saloua Abassi, inspectrice d'arabe dans le gouvernorat de l'Ariana, le manque d'information et de communication autour des troubles spécifiques de l'apprentissage serait responsable de l'ignorance observée chez les enseignants et les éducateurs qui ont du mal à identifier ce type de troubles. Les enfants qui en sont atteints vont d'échec scolaire en échec scolaire et s'installent dans un cercle vicieux qui les mène pour beaucoup à l'abandon scolaire précoce. «Parmi les élèves qui ont interrompu leurs études à la fin du collège, beaucoup sont atteints de troubles spécifiques de l'apprentissage, a relevé Mme Abassi. Cela s'explique par le fait que nous avons des méthodes d'apprentissage inadaptées à ce type de troubles. Or, ces enfants nécessitent un encadrement bien spécifique». L'effet boomerang des TSA se ressent chez beaucoup de parents qui vivent très mal l'échec scolaire de leurs enfants et finissent par déprimer. Quelques uns décident, cependant, de tenir bon, d'apporter l'encadrement nécessaire à leurs enfants atteints de TSA et de faire face à un système éducatif qui marginalise et rejette tout élève n'arrivant pas à s'adapter aux méthodes d'enseignement et d'apprentissage classique. «Il faut une loi pour protéger les droits des enfants présentant des troubles spécifiques de l'apprentissage, note Mme Abassi. Il faut former les enseignants et surtout envisager d'apporter l'encadrement nécessaire pour ces enfants qui sont rejetés par le système actuel».