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Dialogue de sourds à Bruxelles
Au siège de l'Otan en Belgique
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 12 - 2014

De notre envoyé spécial à Bruxelles, Soufiane Ben Farhat
«Pourquoi l'Otan invite-t-elle plus d'une dizaine de journalistes tunisiens à son siège à Bruxelles afin de s'entretenir avec de très hauts responsables de l'organisation militaire nord-atlantique, qui plus est sous le couvert d'anonymat» ? Posée de prime abord et à brûle-pourpoint, la question semble gênante. Elle suscite un sourire jaune et énigmatique. Et une interrogation en guise d'esquisse de réponse évasive : «Pourquoi pas» ? On insiste. Les mesures de sécurité sont invoquées. Je pense au philosophe Giorgio Agamben qui avait écrit : «La formule "pour raisons de sécurité" fonctionne comme un argument d'autorité qui, coupant court à toute discussion, permet d'imposer des perspectives et des mesures que l'on n'accepterait pas sans cela» (Le Monde Diplomatique janvier 2014 «Comment l'obsession sécuritaire fait muter la démocratie»).
A Bruxelles, il fait encore sombre, à neuf heures du matin. Le temps est glacial. Un vent léger balaie la bruine dans une espèce de jeu de perles de verre. Le siège de l'Otan est grisâtre et imposant, à la soviétique. Il date visiblement de la Guerre froide. Les mesures de sécurité sont pointilleuses.
Des généraux et des diplomates de haut rang se succèdent dans la salle de conférences, entre deux pause-café frugales et un déjeuner succulent et copieux. Ils abondent en exposés à la queue-leu-leu, font de la communication politique. Sœur cadette de la propagande dans sa variante libérale, la communication politique a été conçue en tant que contre-pouvoir à la prétendue toute-puissance des médias. D'où les rapports parfois tordus entre les professionnels de l'information et les chantres de ce type de communication. Et tel a été le cas à Bruxelles entre les journalistes tunisiens et les communicateurs de l'Otan, pour la plupart des généraux en civil.
Ils le précisent d'emblée, les communications sont données off the record. Les noms des communicateurs doivent être tenus secrets. En somme, encore une fois, les journalistes sont confinés dans un rôle de bonne à tout faire. Et doivent se conformer aux consignes des maîtres de l'Otan. Si on veut garder l'anonymat, c'est qu'il y a forcément anguille sous roche. Autrement, on mélange les genres. Et l'on s'avise d'instrumentaliser la compagnie. Mais les journalistes tunisiens ne l'entendent pas de cette oreille.
Entre deux explications sur le Dialogue méditerranéen de l'Otan, auquel est associée la Tunisie à l'instar de sept autres Etats de la région, dont Israël, les questions fusent. Et les antinomies fondamentales s'étalent au grand jour. Comme messieurs veulent garder l'anonymat, nous ne saurions faire le lit de leur propagande quasi-muette.
Symptomatique cependant fut l'échange entre l'un des ambassadeurs européens auprès de l'Otan et les journalistes tunisiens. Il s'enquit de l'état de l'opinion sous nos cieux vis-à-vis de l'Otan, nous pria de l'éclairer par notre lanterne là-dessus. Nous avons évoqué le rôle scabreux et meurtrier de l'organisation nord-atlantique en Libye dans le cadre de l'expédition militaire ayant présidé au renversement du régime de Kadhafi et du chaos qui s'ensuivit depuis. On lui expliqua que l'Otan a mauvaise presse auprès du citoyen lambda. Que son image est profondément écornée, étant assimilée au bras armé de l'Occident plus prompt à renverser des régimes qu'à régénérer des sociétés disloquées et des institutions mises en pièces. Ou à condamner les exactions israéliennes.
Il perdit tout à coup tout sens de la mesure, en prit ombrage, s'en prit à l'opinion tunisienne et aux journalistes tunisiens. Ceux-ci seraient coupables à ses yeux de ne pas avoir explicité convenablement le prétendu rôle salvateur de l'Otan en Libye. «Encore une fois, c'est un dialogue de sourds» que je lui lance, un «banquet de dupes». Il s'énerva et pria ses collègues de plier bagage.
Finalement qu'à voulu faire l'Otan avec les journalistes tunisiens conviés à Bruxelles ? Améliorer son image de marque ? Faire de propagande anti-Poutine ? Déblayer le terrain auprès de l'opinion tunisienne en vue d'interventions futures en Libye et ailleurs dans nos parages ? On n'en sera pas grand-chose. Mystère et boule de gomme. Le souci de propagande est quitte, mais la vérité trinque. En quittant le siège de l'Otan en début de soirée, il faisait moins froid. Mais, paradoxalement, l'atmosphère était plus glaciale.


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