Le 5e rapport de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), relatif au pluralisme dans les médias audiovisuels, pendant la campagne électorale du second tour de la présidentielle, dévoilé, hier, lors d'une rencontre de presse, a laissé apparaître cinq grands dépassements. Il s'agit, essentiellement, de de la publication des sondages au cours du silence électoral et pendant la campagne ; la publicité politique, le non-respect du silence électoral et du principe de neutralité ainsi que le marque de respect de l'intégrité physique des candidats et des électeurs. Des infractions qui ont nécessité des sanctions, allant du simple préavis aux amendes. Nouri Lejmi, président de la Haica, a, de prime abord, indiqué qu'en dépit des pressions, des contraintes et des erreurs, la couverture du processus électoral s'est en gros bien déroulée. A ce titre, il s'est déclaré optimiste quant à l'avenir du secteur médiatique dans le pays. «L'objectif du rapport relatif au pluralisme dans les médias audiovisuels, pendant les différentes campagnes électorales, tend à pousser les médias à présenter une couverture de qualité en offrant aux citoyens la possibilité de mieux comprendre la scène politique, afin que les Tunisiens puissent s'acquitter de leur devoir électoral, en toute connaissance de cause», a déclaré le président de la Haica. Nouri Lejmi a, d'un autre côté, attiré l'attention sur le rapprochement entre certains médias et des partis politiques, rappelant que ce genre de pratiques risque de compromettre la crédibilité des médias et des journalistes, avec un impact négatif sur la qualité du produit journalistique. Autre point négatif relevé par le président de la Haica, la retransmission en direct par certains médias des meetings des candidats, sans aucun traitement journalistique. «Nous sommes tous mobilisés pour défendre la liberté d'expression et de la presse. Cependant, cette liberté se doit d'être responsable. Il y a une redevabilité des journalistes qui risque d'être perdue au cas où les médias ne respecteraient pas l'éthique et la déontologie du métier», a indiqué Nouri Lejmi. De son côté, Riadh Ferjani, membre de la Haica, a de prime abord souligné que la l'Instance avait attiré l'attention sur les risques de dérapage entre la couverture de la campagne législative et présidentielle, dans les deux tours. D'ailleurs, les résultats du 5e rapport relatif au pluralisme dans les médias audiovisuels, pendant les différentes campagnes électorales, le prouvent clairement. Nous avons relevé de grandes différences dans la couverture, entre les chaînes de télévision et radios à grande audience, et les autres à moindre audience. Nous avons, également, relevé des infractions de la loi électorale, d'une part, et de la décision commune prise par la Haica et l'Isie, en matière de couverture du processus électoral», a-t-il déclaré. «Certains médias ont opté clairement pour le non-respect des règles de l'équité et d'équilibre entre les candidats ; d'autres se sont mobilisés pour l'un des candidats. Cependant, il faudrait mentionner, a-t-il ajouté, que certains médias se sont tenus au respect des règles». A partir de ces remarques, la Haica recommande vivement la révision de la loi électorale qui, désormais, contient des lacunes, permettant aux médias d'enfreindre les textes de loi. Ryadh Ferjani a expliqué la méthodologie adoptée pour l'élaboration des statistiques contenues dans le 5e rapport de la Haica. En effet, l'observation a porté sur 13 chaînes de télévision et 8 radios, observées en moyenne de 6h00 du matin à 19h00 pour les radios, et de 6h00 du matin à minuit 30 pour les chaînes télé. Aussi, les candidats ont-ils bénéficié de 21% du temps de diffusion, pendant la campagne électorale présidentielle, dans son second tour, contre 54% pour des acteurs politiques non candidats. Ryadh Ferjani a fait remarquer que pendant le second tour, le candidat Mohamed Moncef Marzouki a eu plus de présence dans les radios que dans les télévisions, contrairement à son concurrent, Béji Caïd Essebsi. Par ailleurs, en ce qui concerne la couverture négative, c'est Moncef Marzouki qui a été en tête de liste, avec trois fois plus que son concurrent. Par contre, en ce qui concerne, la présence dans les médias audiovisuels des acteurs soutenant, l'un ou l'autre des candidats, la Haica a relevé une égalité dans les médias. La Haute autorité indépendante de communication audiovisuelle demeure, en dépit de toutes ces infractions, optimiste quant à l'avenir du secteur des médias et a salué l'esprit de coopération enregistré entre la Haica et les médias nationaux pour cette première expérience du processus électoral. Une expérience qui sera améliorée lors des prochains rendez-vous.