Dans la foulée de la révolution de la liberté et de la dignité et à la faveur des élections législatives et présidentielle 2014 censées clôturer l'étape de la transition démocratique et faire migrer la Tunisie à la stabilité politique et au retour de la machine économique grippée pour diverses raisons, beaucoup de personnalités, plus particulièrement celles qui étaient réduites au silence ou confinées dans une retraite forcée, ont pris leur courage à deux mains et ont publié des ouvrages dans lesquels ils proposent leur vision de la Tunisie de demain en puisant dans leur expérience et leurs connaissances du terrain acquises lorsqu'ils occupaient de hauts postes au sein de l'administration. Mansour Moalla, ancien ministre des Finances, cofondateur de la Banque centrale de Tunisie avec feu Hédi Nouira et fondateur de la Banque arabe internationale de Tunisie, obligé à se taire durant toute l'ère de Ben Ali et chassé injustement de la direction de sa banque, est enfin sorti de son long silence. Il est vrai qu'à la faveur de la révolution, Mansour Moalla a participé en tant qu'économiste chevronné à plusieurs talk-shows télévisés et a rédigé plusieurs articles de presse dans lesquels il a proposé sa conception de la gestion des affaires publiques dans un pays en période de transition dans l'attente qu'il migre vers la stabilité et la durabilité. Aujourd'hui, les contributions de Mansour Moalla, ses réflexions et ses apports sont consignés dans un ouvrage de 416 pages édité par Snipe-La Presse, sous le titre «Gouverner : esquisse d'un nouveau modèle de développement pour la Tunisie». Rédigé dans un style propre aux grands commis de l'Etat qui savent vous familiariser avec le lexique économique et financier tout en captivant votre attention pour découvrir des informations, des faits et des événements vécus tout au long d'une riche carrière politique entamée sous l'ère Bourguiba mais stoppée brutalement par Ben Ali et sa clique, Mansour Moalla trace la ligne qu'il faudrait suivre pour que la Tunisie renaisse de ses cendres et que les Tunisiens et les Tunisiennes réapprennent à goûter aux délices du travail sérieux et à se réconcilier avec la valeur fondamentale qui a fait le succès de la Tunisie, celle de servir son pays. Et pour que l'on retourne au travail et que la valeur sacrifice reprenne sa place dans notre comportement quotidien, il est impératif que les Tunisiens soient au fait de ce qui s'est passé réellement sous Bourguiba. Ainsi, Mansour Moalla apporte-t-il de nouveaux éclairages sur les raisons de l'échec de la collectivisation prônée et dirigée par Ahmed Ben Salah, le véritable homme fort des années 60 du siècle écoulé, sur l'union avortée avec la Libye en 1974, etc. Relater les événements historiques ne suffit pas à coup sûr pour que l'on soit édifié sur les nouveaux défis à relever du fait de la révolution du 17 décembre-14 janvier qui a chambardé tous les équilibres qu'on croyait définitivement acquis et qui a imposé une nouvelle donne : l'établissement d'un nouveau modèle de société est indissociable de l'enracinement des libertés et de la participation des régions à définir, grâce à leurs propres compétences, les priorités relatives à leur développement. Sauf que l'économie n'est pas le seul paramètre sur lequel on doit se fonder pour construire la Tunisie démocratique, et Mansour Moalla n'oublie pas d'évoquer la question identitaire, l'apprentissage de la pratique démocratique, la refonte du système éducatif, etc. L'ouvrage «Gouverner» de Mansour Moalla constitue, d'après les analystes, une véritable référence pour tous ceux qui s'intéressent à l'évolution du paysage politique national, plus particulièrement à la suite des élections législatives et présidentielle.