Saïed à propos du décret 54 : aucune personne n'a été poursuivie pour son opinion !    6 étudiants, 2 équipes représente la Tunisie lors de la finale du concours mondial ICT de Huawei en Chine cette semaine    Xi Jinpi invite Kaïs Saïed à participer au Forum sino-africain    Manifestation, Israël, Jaouhar Ben Mbarek… Les 5 infos de la journée    Tunisie – Marche de protestation à Tunis pour exiger le retrait du décret loi 54    Tunisie – Namsia : La création de la banque postale est une question stratégique    Tunisie – Report de l'audition de Sihem Ben Sedrine    Tunisie – Changements dans les horaires des vols de Tunisair sur la France demain    L'Afrique du Sud salue « la décision sans précédant » de la CIJ contre Israël    Pr Rafaâ Ben Achour - Lecture rapide de la Troisième Ordonnance dans l'affaire Afrique du Sud c. Israël    Tunisie – METEO : Orages et pluies éparses sur le nord ouest    France-européennes : la Mosquée de Paris sonne la mobilisation pour stopper l'extrême droite    Al Ahly - EST : Demande d'augmentation des billets pour les supporters espérantistes    Report du match entre l'USMo et le CSS    Situation à G-a-z-a: La CIJ prononce son verdict    La piscine du Belvédère sera terminée d'ici octobre prochain    Capacité d'accueil des lycées pilotes et collèges pilotes pour l'année scolaire 2024 – 2025    Gafsa : Une usine clandestine de fabrication de boissons alcoolisées démantelée    Envirofest Tunisia , le festival du film environnemental, se déroule du 24 au 29 mai 2024 à Tunis    La CIJ ordonne à Israël de stopper « immédiatement » son offensive militaire à Rafah    L'Etat récupère 6 terrains agricoles domaniaux à Siliana    14e édition du Prix Orange de l'Entrepreneur Social en Afrique et au Moyen-Orient    Tunis accueille l'exposition "Ce que la Palestine apporte au monde"    Tournoi des Esprits 2023-2024 : La cérémonie de clôture de "IFM School » célèbre l'excellence des Lycéens    Inauguration des Porsche Service Centres Sfax et Sousse    Aram Belhadj : il faut arrêter de transformer les chiffres en propagande !    Tunisie-Suisse : Alliance juridique contre la corruption financière transfrontalière    Elon Musk au salon Vivatach 2024 : Le propriétaire de X conseille d'éloigner les enfants des réseaux sociaux    La lutteuse tunisienne Islem Hemli remporte la médaille d'or au championnat arabe de lutte féminine    Salon de la création artisanale : Les bonnes raisons pour valoriser les métiers de l'artisanat    Supposée « présence de membres de Wagner à Djerba » : L'ambassade de Tunisie en France rejette fermement les allégations de la chaîne d'information LCI    Prolongation du congé paternité à dix jours ? Ce qu'il en est    REMERCIEMENTS ET FARK : Dahmani MEDDEB    Al Ahly – EST : À quelle heure et sur quelle chaîne voir la finale ?    «Arts visuels en Tunisie, Artistes et institutions 1881-1981» de Alia Nakhli : Un document essentiel    «Ground Zero», 22 films tournés à Gaza projetés à Cannes : Des moments poignants et touchants    «Le grand procès des femmes qui écrivent» : Hommage aux écrivaines dans un spectacle littéraire unique    Hajj 2024 : Départ aujourd'hui du premier vol au départ de Sfax, 277 pèlerins de Sidi Bouzid    Ligue 2 – 23e jpurnée – Demain et dimanche : La JSK peut-elle freiner Jendouba ?    L'US Tataouine remporte le derby de la délivrance : Mission accomplie    Fédérations sportives : La mauvaise gestion !    Effondrement d'un immeuble de 5 étages à Casablanca    Tabac : l'OMS dénonce le marketing qui séduit les jeunes    Carthage Cement augmente de 55% son résultat net en 2023    La chaîne Carthage+ solidaire avec les journalistes détenus    Jennifer Lopez et Ben Affleck au bord du divorce ?    Prix des 5 continents de la Francophonie 2024-2025 : L'appel à candidatures se poursuit jusqu'au 31 juillet    Le Groupement Professionnel de l'Industrie Cinématographique de la CONECT appelle à la réforme du cinéma Tunisien    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Islam, que de crimes commet-on en ton nom !
Vendanges
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000


Par Hamma HANACHI
Naturellement, les attentats de Paris contre le journal satirique Charlie Hebdo continuent à nourrir les journaux, les radios les télés et les réseaux sociaux. L'emballement médiatique se poursuit, dimanche dernier, TF1 reprenait les faits avec le menu détail, commentaires et tentatives d'analyse à l'appui, Rtl lui emboîte le pas le lendemain, etc, etc. L'onde de choc, il faut le redire, est telle que les intellectuels, d'abord, les politiques, les lecteurs et le public, ensuite, en font un sujet inépuisable provoquant des discussions infinies et des hypothèses qui unissent ou divisent. Sur les plateaux ou sur les ondes, les journalistes et commentateurs y vont de leur description du crime, de leurs commentaires crus ou patelins, les journaux papiers répandent en abondance leur encre, dénonçant, pleine page, l'abjection de l'acte innommable, condamnant l'infamie sans réserve, des philosophes couchent des lignes avec les mots choisis, textes émouvants qui n'épargnent personne, surtout pas les politiciens bénéficiaires de l'ignoble acte. Les hebdos publient des spéciaux, convoquent de grandes figures, des Nobels de littérature, des écrivains notoires, des lauréats de prestigieux prix littéraires, des auteurs à la mode. Beaucoup d'entre eux ont croisé ou fréquenté les victimes assassinés, on décèle dans leurs témoignages compassion et douleur. Il y a donc un avant et un après-7 janvier. La manifestation historique organisée à l'appel du Président français a réuni les chefs d'Etat, les grands de ce monde, les politiques de tous bords, présence de notre Premier ministre, Mehdi Jomâa, les intellectuels et trois millions sept cent mille citoyens, tous blessés, secoués par le choc de la mort, ils portaient l'étendard de la République. Journée de deuil national, drapeaux en berne. Les communicants choisissent les mots, distillent les phrases qui ne dérangent pas, le langage rassembleur, donnant à entendre une débauche de discours consensuel, dans les rédactions on y va franco, on avance des approches théoriques nettes ou discrètes, on donne des leçons à retenir, on présente des analyses fouillées, des thèses et des antithèses ; des titreurs annoncent même Un 11 septembre français, des mots émergent du lot, ils sont répétés partout et à satiété, relevons les vocables «traumatisme» et «amalgame». La France, le monde entier est traumatisé par le meurtre des «fantassins de la démocratie», les tueurs voulaient écraser l'une des valeurs les plus chèrement acquises : la liberté d'expression. Indignation générale. Tous, dans les rangs de la droite comme de la gauche, les chrétiens, les juifs, les musulmans condamnent toute forme d'amalgame qui fait de l'islam une idéologie mortifère et du musulman un nihiliste assassin, prêt à tuer quand on touche à sa religion. Une idée, plutôt une vérité partagée par les penseurs, les analystes et le public averti : le terrorisme est devenu un business lucratif, les organisations terroristes réinterprètent l'islam pour servir leur cause et justifier leur action. Et de préconiser qu'il faut s'attaquer aux bailleurs de fonds qui manipulent les jeunes recrues.
Le philosophe Michel Onfray, auteur notamment du (Traité d'athéologie), polémiste et analyste du texte coranique pour la circonstance, va à contre-sens, créant un nouveau scandale «...Il y a un Coran avec lequel il faudra désormais composer...Disons qu'il y a dans ce texte matière à justifier le pire...» (FR2, On n'est pas couché). Abdennour Bidar, philosophe qui vient de remplacer feu Abdelwahab Meddeb à l'émission Cultures d'Islam sur France Culture, ne dit pas le contraire, dans sa lettre au monde musulman, il proclame «Les racines de ce mal qui te vole aujourd'hui ton visage sont en toi-même, le monstre est sorti de ton ventre». Matthieu Ricard, bouddhiste, écrivain (Plaidoyer pour l'altruisme), ancien chercheur en génétique cellulaire, livre une autre version «C'est encore d'altruisme-ou plutôt de sa carence -qu'il s'agit. Dans leur égarement, les auteurs de tels actes (les tueurs) se perçoivent souvent comme des victimes, ils se disent « humiliés »...) Le Point.
Deuil en Tunisie, aussi, qui a perdu l'un de ses enfants âgé de 80 ans, il était l'un des fondateurs de Charlie Hebdo, ses collègues et amis l'appelaient «président» Georges Wolinski, libertaire déclaré, athée proclamé, hédoniste et empêcheur de tourner en rond est mort dans cette tuerie. Homme affable, très attaché à sa terre natale. Souvenir. Une chaleureuse et courte rencontre avec lui, place de la Bourse à Paris, nostalgique, il racontait son Tunis à lui, la rue Saint-Jean, le journal La Dépêche, le lycée Carnot... Elsa Cayat, psychanalyste, victime de la tuerie aussi, est native de Tunis, elle tenait une rubrique dans l'hebdo satirique. Un autre enfant, 21 ans, est abattu dans la prise d'otages dans le supermarché casher à Paris Yoav Hattab, juif de confession, fils du rabbin et directeur de l'école juive de Tunis. Plus de 150 personnes lui ont rendu hommage devant la synagogue de Tunis, bougies, photos et pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire « Vive la Tunisie plurielle » côtoyaient les drapeaux tunisiens.
Une ombre au tableau de ces cérémonies et hommages à nos morts : la subite absence, la semaine dernière, de journaux français dans les kiosques. Lecteur assidu, nous avons remarqué l'absence du quotidien Le Monde, l'envoyée spéciale et régulière du magazine Marianne, Martine Gozlan, déplore l'absence de son hebdo en Tunisie, Libération ainsi que d'autres journaux n'ont pas été distribués. Sommes-nous revenus aux temps obscurs où des quotidiens hostiles à la politique du pays se cachaient et circulaient sous le manteau ? Ne sommes-nous pas assez mûrs, assez responsables pour lire ce qui pourrait nous déplaire ou nous faire peur ? Tout n'est pas permis, politique molle, fondé sur le nini ? Pourtant, nous croyions qu'après la révolution, surtout après la naissance de la deuxième République, ces pratiques sont bannies à jamais. S'il y a un acquis sur lequel tout les citoyens sont d'accord, c'est bien la liberté de la presse, la lecture de journaux en est une composante. La profession va-t-elle réagir ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.