Le chef du gouvernement désigné aborde le dernier quart d'heure de ses consultations et promet de livrer sa copie, lundi prochain. Trois confirmations : Taïeb Baccouche et Abdelkrim Zbidi aux ministères des Affaires étrangères et de la Défense, alors que Kamel Morjane postulera à un poste international Entre le palais du Bardo où les députés de la deuxième République planchent depuis lundi dernier sur l'adoption du règlement intérieur de l'Assemblée des représentants du peuple et Dar Edhiafa à Carthage où Habib Essid poursuit la collecte des CV et l'écoute des propositions de ses interlocuteurs parmi les leaders des partis politiques et des organisations et associations de la société civile, les Tunisiens attendent toujours pour voir de quelle équipe va accoucher le marathon des négociations. Pas plus tard qu'hier, Yacine Brahim, président d'Afek Tounès, accompagné des membres du bureau politique du parti, a rencontré Habib Essid et lui a soumis ses conditions sur le nombre des ministères que le parti voudrait obtenir et sur les mesures à prendre durant les 100 premiers jours du gouvernement. Riadh Mouakhar, membre du bureau politique d'Afek Tounès, n'a pas hésité à exiger, lors d'une interview accordée à une radio privée, que «le parti obtienne le nombre de portefeuilles ministériels qui sied à son poids réel sur la scène politique et à son programme. Et ce nombre ne peut pas être inférieur, dans tous les cas, à deux ministères», alors que d'autres sources informées confient à La Presse qu'«Afek Tounès a demandé que Habib Essid confie quatre ministères en contrepartie des huit sièges qu'il a remportés au parlement». Kébili, Tataouine et Tozeur peinent à dénicher leurs représentants Et même si Habib Essid est sur le point de clôturer ses consultations avec les partis politiques et les organisations de la société civile et que la liste des ministres et secrétaires d'Etat est presque prête, en attendant les retouches de dernière minute, l'on continue à distiller les indiscrétions sur les noms qui se confirment de jour en jour et sur ceux qui apparaissent le matin pour disparaître aussitôt qu'on commence à les découvrir au gré des déclarations des uns et des autres. «Les choses se précisent d'un jour à l'autre et il est quasi certain que Habib Essid va livrer sa copie lundi prochain», assure une source au fait du déroulement des tractations. «Taïeb Baccouche et Abdelkrim Zbidi sont confirmés aux ministères des Affaires étrangères et de la Défense. Touhami Abdouli est proposé pour le secrétariat d'Etat aux Affaires européennes, le poste qu'il a occupé sous le gouvernement Hamadi Jebali. Fadhel Moussa et Lazhar Karoui Chebbi sont en compétition pour le ministère de la Justice. Samir Taïeb est cité pour le ministère du Transport, alors que le ministère de la Femme et de la Famille reviendra à Rym Mahjoub», ajoute notre source. Quant à Ennahdha, «il obtiendra quatre portefeuilles entre ministères et secrétariats d'Etat. Pour le moment, seul un ministère sera confié à Zied Laâdhari, alors que les autres postes échoiront à des responsables nahdhaouis de deuxième ou de troisième rang parmi ceux qui ont quitté le pays au début des années 90 de peur d'être jugés lorsque Ben Ali a décidé de décapiter le parti islamiste». Et si Taïeb Baccouche est sûr de devenir ministre des Affaires étrangères, «Kamel Morjane, révèle la même source, est sûr de ne pas figurer dans la future équipe gouvernementale. Béji Caïd Essebsi aurait promis de lui dénicher un poste à l'échelle internationale, alors que Mohamed Jegham, pressenti par Al Moubadara pour le ministère du Tourisme, a décidé de ne plus postuler, estimant qu'il a accompli son devoir envers l'Etat et qu'il laisse la place aux autres. Et c'est presque certain que Hassen Zargouni, le président de Sigma Conseil, qui aura le poste. Quant à Mustapha Kamel Nabli, candidat malheureux au palais de Carthage, il retournera à la Banque centrale en tant que gouverneur même si le mandat (de cinq ans) de Chedli Ayari n'est pas encore achevé. Il subsiste un couac de dernière minute. Habib Essid peine toujours à trouver des personnalités qui représenteront les régions de Kébili, Tataouine et Tozeur». Du côté des partis qui n'ont pas été consultés par le chef du gouvernement, on apprend que Abdelwaheb El Héni, président d'Al Majd, se trouvant actuellement à Genève, rencontrera d'ici la fin de la semaine en cours Habib Essid. De son côté, Bousseir Bouebdelli, président du Parti libéral maghrébin, assure qu'il n'a pas été invité jusqu'à présent par le chef du gouvernement désigné et s'étonne de «voir les autres défiler à Dar Edhiafa et notre parti ignoré superbement». L'UPL «suspend» sa participation aux concertations L'Union patriotique libre (UPL) a décidé hier de « suspendre » sa participation aux concertations en cours sur la composition du gouvernement Habib Essid. Cette décision intervient suite à une réunion d'urgence de la direction politique du parti ainsi qu'à la rencontre qui a eu lieu, dans la matinée, entre le président de l'UPL, Slim Riahi, et le chef du gouvernement désigné Habib Essid, selon une déclaration publiée par la direction du parti. Le parti se justifie par « le flou qui couvre désormais le climat des concertations ». Dans sa déclaration, le parti critique « le reniement des accords convenus et le changement de façon unilatérale des parties concernées par les négociations». Il s'est dit, toutefois, disposé à écouter les avis des autres composantes de la classe politique concernant la formation du prochain gouvernement.