Le sélectionneur national s'amuse avec les nerfs de tout le monde Sommes-nous condamnés aux victoires miraculeuses, aux nuls insipides et au jeu inexistant ? Tout porte à le croire depuis la prise en main de cette équipe nationale par le Belge Georges Leekens... En un peu plus de neuf mois, le Belge n'est pas parvenu à donner un jeu à cette équipe et encore moins un onze titulaire. En plus de neuf mois, nous sommes passés par toutes les variantes tactiques. De la plus défensive (5 arrières et deux pivots défensifs) à la plus débridée avec Akaïchi, Khazri, Chikhaoui et Msakni qui ne défendent pas. Mais jamais au grand jamais, nous n'avions eu droit à une équipe constructive et rassurante. Ou si peu. Car, aussitôt trouvée la bonne formule (qui saute aux yeux de tous, connaisseurs et moins), que voilà Leekens qui l'annule le lendemain pour creuser des chemins plus tortueux et plus risqués. Ferjani Sassi titularisé, apportant un équilibre certain à l'entrejeu puis, aussitôt, sur le banc. Pour être incorporé lors des toutes dernières minutes d'un Tunisie-Sénégal où il a été décisif. Et comme par enchantement, il redisparaît à nouveau au profit d'autres et d'une formule qui ne réussit pas. En désespoir de cause (car nous étions bien désespérés après l'ouverture du score de la Zambie et même avec le nul), voilà que réapparaît Ferjani Sassi et que le onze tunisien accomplit le miracle. En compagnie de qui, s'il vous plaît ? En compagnie de son coéquipier du CSS, Moncer, qui, lui, a sauvé, lors de la dernière rencontre, notre onze national de la défaite face au Cap-Vert. Roulette russe A quoi joue Georges Leekens ? Avec tous les matches amicaux où nous avions risqué le pire face à tous nos adversaires, avec ces deux premières rencontres en phase finale de la CAN, sans nul doute à la roulette russe. Jugez-en plutôt : la Zambie a eu la bagatelle de six à huit occasions nettes de scorer. Et, encore une fois, sans un Balbouli en état de grâce depuis quelque temps, cette équipe ne se serait même pas trouvée à la CAN. Avec une défense qui prend l'eau de toutes parts, un entrejeu collé à sa défense et une attaque isolée où la distribution des rôles est calamiteuse; Maâloul, M'sakni, Chikhaoui, Akaïchi et parfois même Khazri à gauche qui se marchent sur les pieds; Rami Bédoui sur le flanc droit de la défense qui a souffert le martyre, lui, le défenseur central de métier, face à la vivacité des attaquants adverses et, enfin, une défense où les seuls noms ne sont plus synonymes de garantie et d'assurance. Pourtant, les solutions sont là... Mais si le sélectionneur se tait, ce n'est pas pour autant que nous n'avons pas les réponses. Car elles sont bel et bien là, visibles à l'œil nu. Dans ce groupe, nous sommes revenus aux «intouchables», aux incontournables. Comme aux pestiférés qu'on garde sur le banc et qu'on n'incorpore qu'à contrecœur quand il y a péril en la demeure et qu'il faut sauver les meubles. C'est vrai que cette équipe a la baraka, mais elle n'est pas éternelle et elle ne peut continuer à être là en l'absence de jeu. Livide et hagard à l'ouverture du score des Zambiens, Leekens a retrouvé des couleurs en fin de rencontre. Comme nous aimerions le voir dans le troisième match-couperet face au Congo où nous ne pourrons plus nous permettre de jouer à la... roulette russe. A chaque fois que Leekens a réparé ses erreurs, la Tunisie est passée. Alors qu'est-ce qu'il attend encore?!