On compte les absences en centaines de milliers de jours et en millions d'heures. Voilà la réalité amère de notre système éducatif Au primaire comme dans les collèges et les lycées, le phénomène de l'absentéisme des enseignants ne décélère pas, bien au contraire, et, malgré l'absence de données statistiques précises dans ce domaine, il est facile de montrer la gravité de ce fléau et ses impacts néfastes sur la qualité de l'enseignement et le niveau des élèves. Il est évident que ces répercussions ne se mesurent pas sur une année mais sur tout un parcours scolaire. Les retards s'accumulent chaque année pour les élèves. Ce qui fait que pour chacun d'eux, il y a un manque flagrant au niveau des connaissances. Un taux plus élevé chez les femmes Aujourd'hui, les données disponibles montrent que le taux d'absentéisme varie entre 8 et 12 % selon les régions, selon les degrés (primaire, préparatoire ou secondaire) et selon les sexes. Dans le primaire, on enregistre le taux le plus élevé d'absentéisme chez les institutrices. (La présence féminine dans les écoles primaires représenterait 48,1 %). C'est ce qui entraîne environ 600 mille jours d'absence pour les instituteurs et plus de 220 mille autres pour les professeurs. Si on compte les différents autres aléas comme les perturbations entraînées par les grèves des transports (4 jours durant) et les arrêts improvisés dans les régions par des protestataires ou par des situations exceptionnelles (conditions météorologiques) ou d'autres contretemps, on risque d'atteindre le million de jours d'absence dans l'enseignement. Déjà, et rien que pour cette année, on a enregistré 5 jours de grève des 83.000 professeurs et d'autres sont prévus pour les prochains jours. 2.000.000 d'élèves et leurs parents ne sont pas au bout de leurs peines. Les difficultés ne font que commencer. Les responsables (généralement les directeurs des établissements) ne font que constater les dégâts. Un directeur d'école primaire affirme que depuis le début de l'année le flot des absences n'a pas cessé. Il ne dispose d'aucun moyen pour le stopper. Les absences sont légitimes. Il y a les congés de maladie et de maternité qui sont à mentionner en premier. Les parents ne savent pas ce qu'il faut faire. La solution des suppléants n'est pas très facile à mettre en route. Il faut contacter le Commissariat régional en question pour signaler le dysfonctionnement. Et, le temps que les mesures soient mises en œuvre, les jours passent sans cours pour les élèves. Le pire c'est que de nombreuses absences sont signalées pour des enseignants de matières de première importance pour le primaire (arabe, français) et pour le préparatoire et le secondaire (maths, physique...). Le désarroi des parents est total d'autant qu'aucune issue n'est en vue. Ces mêmes parents savent à l'avance que leurs craintes ne seront pas comprises du jour au lendemain. Cette situation n'est, d'ailleurs, pas nouvelle. Cela fait des années qu'ils en pâtissent et ils n'ont rien vu venir. Les plus chanceux ont, au moins, l'opportunité de dispenser des cours particuliers à leurs enfants, moyennant des sommes qui ne sont pas à la portée de tous. Mais le reste des élèves n'a pas cette même aubaine. Et puis, ces cours ne sauront jamais remplacer ceux faits en classe par les professeurs de la matière. L'absentéisme des enseignants est inacceptable... pensent 46,7% des parents A ce sujet, une enquête, instruite par le Forum des sciences sociales en 2012, a montré un certain mécontentement en raison des absences répétées des enseignants. Environ 46,7% des parents pensent que l'absentéisme des enseignants est inacceptable. 68% estiment que les grèves des enseignants de l'enseignement de base ne sont pas légitimes, tandis que seulement 14% d'entre eux affirment les comprendre. Les statistiques deviennent alarmantes. 10.000 enseignants entre instituteurs et professeurs se sont absentés au moins une fois au cours de l'année. Lorsqu'il s'agit de congés de maternité, le nombre de jours d'absence se compte en semaines. Et le temps de remédier à la situation... Un congé de maladie est plus complexe à gérer. Car l'absence est, généralement, inopinée. Elle dure en moyenne deux à trois jours. L'administration n'a pas toujours le temps de trouver un remplaçant. Les élèves sont ainsi privés de près de 12 heures de cours (à raison de 4 heures par jour). Ce problème avait été soulevé par l'ex-ministre de l'Education Salem Labiadh. Il avait alors parlé de 5.000 absences avec certificats médicaux au cours des examens du bac ! Pourtant, les absences sont réglementées au niveau de la loi. Les absences non justifiées sont déduites du salaire et de la prime de rendement. Les absences dues à la maladie ne sont pas en reste, puisqu'on les déduit de la prime de rendement intégrée dans le salaire. Dans certains cas, l'absence est, également, déduite de l'ancienneté. Les enseignants ne sont pas rebutés des congés pour convenances personnelles. C'est un moyen de signifier leur mécontentement de la situation dans laquelle ils sont : éloignement familial, conditions de travail ? etc. Les professeurs de certaines matières très cotées ne s'embarrassent pas de ces considérations et s'absentent autant que cela leur plaît. Ils ont les cours particuliers pour se rattraper sur les salaires. Devant cette situation qui ne fait qu'empirer, les différents ministères de tutelle sont restés impuissants. Ni les mesures légales ni les mécontentements des parents n'ont pu changer cette réalité. L'assiduité des enseignants devrait figurer à l'ordre du jour des préoccupations et les moyens d'y faire face devraient faire l'objet d'un examen sérieux par les différents acteurs. Il ne s'agit pas de mesures répressives ou de sanctions mais de motivations. Les enseignants qui sont réguliers et les autres sont traités sur un pied d'égalité. Ce qui pourrait être injuste.