Le parti de la gauche radicale Syriza, qui s'est engagé à renégocier la dette publique avec les créanciers internationaux, est arrivé largement en tête des élections législatives en Grèce. Une première qui inquiète le reste de l'Europe. C'est la première fois qu'un parti ouvertement opposé aux politiques d'austérités de l'Union européenne arrive au pouvoir dans un pays membre. Dimanche 25 janvier, Syriza, le parti de gauche radical grec, a réussi son pari en remportant quelque 36.3% des suffrages. La fin de "cinq années d'humiliation et d'angoisse" Devant plusieurs milliers de ses suppporters, Alexis Tsipras, qui devrait devenir Premier ministre, a déclaré dans la soirée : "La Grèce laisse derrière elle une austérité catastrophique, elle laisse derrière elle la peur et l'autoritarisme, elle laisse derrière elle cinq années d'humiliation et d'angoisse". (...) "Notre priorité dès le premier jour sera de panser les plaies laissées par la crise", a-t-il affirmé. "Notre priorité absolue est que notre pays et notre peuple retrouvent leur dignité perdue". Une large victoire 10 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes toute la journée. Le parti de la gauche radicale Syriza, qui s'est engagé à renégocier la dette publique avec les créanciers internationaux, arrive largement en tête des élections. Le parti anti-austérité d'Alexis Tsipras devance les conservateurs de Nouvelle Démocratie. Avec 36,5% des voix, Syriza obtiendrait de 149 à 151 sièges sur 300, a déclaré un responsable de Singular Logic, qui traite les résultats pour le compte du ministère de l'Intérieur. Le leader de Tsipras Alexis Tsipras a fait campagne sur "le retour de l'espoir" et ses arguments ont trouvé un écho favorable parmi un électorat lassé par des années d'austérité. Les mises en garde lancées par Antonis Samaras, qui a brandi le risque du faillite du pays, n'ont pas paru trouver un écho suffisant dans la population. "Nous allons voter pour Tsipras afin de mettre fin à toute cette misère", disait par exemple avant le scrutin Stavroula Gourdourou, mère de famille sans emploi qui n'avait encore jamais voté Syriza. "Trop c'est trop. Nous ne laisserons pas détruire l'avenir de nos enfants". Pas question de renoncer à l'euro Tsipras a promis de maintenir la Grèce dans la zone euro et a renoncé à ses menaces de "mettre en pièces" les exigences liées au plan de sauvetage de 240 milliards d'euros. Il a également proposé une renégociation de l'accord avec la troïka (UE, BCE et FMI) afin d'effacer la majeure partie de la dette grecque évaluée à 320 milliards d'euros malgré l'opposition affichée de l'Allemagne à un tel scénario. Il a enfin promis une hausse du salaire minimal, une baisse des prix de l'énergie pour les plus démunis, une réduction des impôts et une revalorisation des retraites et des salaires de la fonction publique. Qu'est-ce que cela va changer ? La victoire de Syriza, en tête des sondages depuis plusieurs mois, constitue tout d'abord une première dans la zone euro avec la possible constitution d'un gouvernement ouvertement opposé aux contreparties exigées par l'Union européenne et le Fonds monétaire international pour sauver le pays de la faillite. Cela entraîne aussi un changement de cap significatif après les mesures annoncées par la Banque centrale européenne (BCE) visant à injecter de très importantes liquidités dans les économies ayant adopté la monnaie unique. La Grèce fait face à sa plus grave crise économique depuis de 1974 et la chute de la junte militaire au pouvoir. L'économie s'est contractée de 25%, des milliers d'entreprises ont fermé leurs portes, les salaires et les retraites ont été durement réduits et le chômage des jeunes a dépassé la barre des 50%. Dans le même temps, la dette publique est passée de 146% du produit intérieur brut en 2010 à 175,5% en 2014, soit le deuxième niveau le plus élevé du monde. L'économie grecque est tout de même sortie de la récession l'an passé pour la première fois depuis six ans et le chômage a commencé à baisser lentement, mais des années seront nécessaires avant que le pays se relève.