Le Lion's club de La Marsa est en train de collecter les fonds nécessaires dans le dessein d'aménager une unité médico-judiciaire d'accueil dans les anciennes urgences de l'hôpital Derrière la place privilégiée et le statut qu'occupe la femme tunisienne au sein de la société, se cache une réalité amère révélée par les études récentes réalisées sur le thème de la violence. En effet, les derniers résultats du rapport de l'Organisation mondiale de la santé, intitulé « Estimations mondiales et régionales de la violence à l'encontre des femmes » et publié l'année dernière, ont montré que quatre femmes sur dix ont été victimes, au moins une fois, de violence physique, ce qui place la Tunisie légèrement au-dessus de la moyenne internationale. Ce chiffre figurait déjà dans l'enquête réalisée en 2010 par le Fonds des Nations unies pour la population qui a cité également d'autres statistiques. Dans la majorité des cas, les victimes ont été exposées à plusieurs formes de violence de la part de leur partenaire intime. La forme la plus évoquée est la violence sexuelle, suivie de la violence physique, de la violence économique et psychologique. L'absence d'affinités, la routine, les problèmes d'argent, le besoin de dominer l'autre sont derrière les diverses formes de violence commises par les hommes à l'égard de leurs partenaires qui répondent soit par la violence ou encaissent sans broncher. Le partenaire intime ne serait pas le seul responsable de la violence commise à l'égard des femmes. Ainsi, dans 43% des cas questionnés, la violence a été commise au sein de la sphère familiale. C'est soit le père ou le frère qui ont exercé sur la victime une des formes de violence qui est soit verbale ou physique. Par peur du scandale et des représailles ou dans un sursaut de dignité, peu de femmes choisissent de dénoncer leur partenaire intime, préférant plutôt le silence. Interrogées sur les raisons, beaucoup évoqueront comme raison le fait qu'elles ne peuvent pas porter plainte contre « le père de leurs enfants ». D'autres s'installent dans le déni et vont jusqu'à banaliser la violence dans elles sont victimes au quotidien. Mais les séquelles sont bien là: perte de confiance, repli sur soi...Afin de leur apporter les soins nécessaires ainsi que le soutien psychologique dont elles ont besoin, la direction de l'hôpital Charles Nicolle a fait appel au Lion's club de La Marsa pour collecter des fonds qui serviraient au financement d'une unité d'accueil et de prise en charge des victimes de violence sexuelle au sein de l'établissement hospitalier. L'idée a fait son chemin et le projet de construction d'une unité médico-judiciaire a vu le jour. « C'est une première en Tunisie, note Sonia Bellamine, médecin de formation et présidente de l'association. Il s'agit de créer une unité de prise en charge et d'accueil en urgence des femmes victimes de violence sexuelle. Cette unité pourra être aménagée au sein de l'hôpital Charles Nicolle. Les femmes pourront recevoir les soins nécessaires, bénéficier d'un soutien psychologique et faire les prélèvements qui permettront de constituer un dossier judiciaire et d'identifier l'agresseur. Cette unité prendra en charge dans un premier temps les femmes victimes de violence sexuelle et, dans un deuxième temps, les femmes battues». Il y a lieu de signaler que, pour l'heure, l'association est en train de collecter des fonds afin de pouvoir concrétiser ce projet.