Hier, les choses semblaient prendre une nouvelle tournure pour ce qui est de la constitution du gouvernement Essid. Ennahdha y sera associé en vue de garantir au moins 148 voix lors du vote de confiance. Entretemps, Afek Tounès réarrache trois ministères et l'UPL cédera le ministère du Tourisme contre un autre portefeuille Avec le gouvernement remanié de Habib Essid qui devrait solliciter la confiance du Parlement au plus tard mercredi 4 février prochain, l'on peut affirmer que le nouveau round des négociations réserve quotidiennement une nouvelle surprise aux Tunisiens. Hier, les analystes et les observateurs semblaient quasi-certains que cette fois-ci Ennahdha sera associé au gouvernement et qu'on table sur une majorité parlementaire de 180 voix qui votera pour la nouvelle liste ministérielle ou sur 148 sièges au cas où l'aile dure nahdhaouie persisterait à refuser que le parti rejoigne le gouvernement dans sa deuxième version. Il semble aussi, d'après plusieurs sources informées parmi les partis participant aux concertations avec Essid, qu'il «existe désormais une osmose quasi parfaite entre le quatuor qui formera le gouvernement, à savoir Nida Tounès, Ennahdha, Afek Tounès et l'Union patriotique libre, sans oublier certains députés indépendants proches des milieux nidaistes. En contrepartie, il est presque certain que le Front populaire sera exclu de la nouvelle coalition même si certains de ses leaders ont laissé entendre hier que leurs positions ne sont pas définitives et qu'ils pourraient changer d'avis au cas où Essid accepterait leurs conditions». Afek Tounès arrache trois ministères Hier, les choses ont évolué aussi rapidement au point que l'on affirme que la liste des ministres est pratiquement arrêtée et que Habib Essid est en train de régler les derniers détails en attendant mercredi prochain. Ainsi, l'on apprend que «Yacine Brahim, président d'Afek Tounès, a réussi à arracher trois ministères (dont l'Economie et l'Equipement) et que le ministère du Tourisme sera retiré à l'Union patriotique libre en contrepartie d'un autre ministère qui n'a pas été encore déterminé». Du côté d'Al Moubadara, une source proche de Kamel Morjane confie à La Presse : «Aujourd'hui, jeudi 29 janvier, une délégation du parti rencontre de nouveau le chef du gouvernement auquel nous allons renouveler nos demandes: le ministère du Tourisme et un poste de secrétaire d'Etat. Quant à Kamel Morjane, il sera désigné secrétaire général de l'UMA, un poste qu'il n'est pas très satisfait d'obtenir». Reste maintenant à savoir comment Ennahdha est revenu à la course aussi rapidement et avec l'aval des partis alliés traditionnels de Nida Tounès dont certains émettaient jusqu'ici certaines réserves sur la présence des nahdhaouis au gouvernement, sans oublier l'opposition de certains députés nidaistes estimant que l'obtention de la confiance du Parlement est possible mathématiquement en tenant à l'écart Ennahdha et le Front populaire. «Au sein de Nida Tounès, est apparu un argument d'autorité selon lequel il est inéluctable de faire associer Ennahdha au gouvernement en vue de garantir une certaine pérennité dans le fonctionnement des pouvoirs législatif et exécutif. Il ne faut pas se leurrer ou se voiler la face. Les dossiers brûlants ne peuvent être ouverts qu'à condition que Nida Tounès et Ennahdha gouvernent ensemble, soutenus par Afek Tounès et l'Union patriotique libre, qui partagent les mêmes visions économiques. En plus clair, objectivement, Nida Tounès est obligé de coopérer positivement avec ses partenaires dont en premier lieu Ennahdha. La raison l'oblige à transiger et la realpolitik veut que le parti de Montplaisir doive participer au gouvernement pour endiguer, entre autres, les dérives de son aile radicale. Et comme les comptes ne peuvent être qu'objectifs, il est aisé de souligner que les voix à rassembler au cas où Ennahdha mobiliserait tous ses députés peuvent arriver à 180 qui avaliseront le gouvernement Essid dans sa nouvelle version. Toutefois, la discipline totale des députés nahdhaouis n'est pas acquise aussi facilement puisque les durs ou les réfractoires peuvent se chiffrer à un peu plus de 30 députés. Ce qui est garanti, c'est que la confiance sera votée à au moins 148 députés», souligne la même source. Mais il demeure un hic : «Le gouvernement Essid passera aisément l'épreuve de confiance. Il restera pour autant confronté aux difficultés qu'engendrera l'évolution de la situation géostratégique aux plans international et régional», conclut-elle. Le groupe parlementaire nidaiste anti-Ennahdha persiste et signe Un autre son de cloche apparaît du côté des députés nidaistes anti-Ennahdha. Mondher Belhaj Ali, l'un des chefs de file du groupe parlementaire nidaiste opposé farouche à tout rapprochement à la participation d'Ennahdha au gouvernement Essid, révèle à La Presse : «Nous avons rencontré, hier, le chef du gouvernement auprès de qui nous avons ressenti une réelle volonté d'accélérer la formation de son gouvernement. Pour nous, les alliés naturels de Nida Tounès demeurent l'UPL, Afek Tounès et Al Moubadara. Quant à Ennahdha, il sera au gouvernement à condition que Hrair Tounès (les femmes qui ont choisi Si El Béji) nous le demandent ouvertement».