«Un message clair à la Corée du Nord pour qu'elle cesse son comportement agressif», estime Robert Gates SEOUL (Reuters) — Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont annoncé hier la tenue de manœuvres militaires conjointes de grande ampleur à partir de dimanche dans le but de dissuader Pyongyang de poursuivre son "comportement agressif" à l'encontre de son voisin. Il s'agit de la première réponse officielle à l'attaque en mars de la corvette Cheonan dont le naufrage a coûté la vie à 46 marins sud-coréens et ravivé les tensions dans la péninsule. La Chine, alliée de la Corée du Nord, a condamné l'annonce faite à Séoul et a mené ses propres manoeuvres navales au large de sa côte orientale. "Ces manoeuvres défensives et interarmes visent à adresser un message clair à la Corée du Nord pour qu'elle cesse son comportement agressif", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, en visite en Corée du Sud, dans un communiqué commun avec son homologue sud-coréen. Gates sera rejoint à Séoul mercredi par la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Les deux responsables américains se rendront dans la zone démilitarisée (DMZ). Cette zone de quatre kilomètres de large sur le 38e parallèle divise la péninsule depuis l'armistice de juillet 1953. La Corée du Sud a imputé le naufrage du Cheonan à la marine du Nord, mais Pyongyang nie toute responsabilité et a menacé Séoul de représailles militaires en cas de sanctions. Le Conseil de sécurité de l'Onu, qui a adopté le 9 juillet une résolution sur le sujet, a épargné au régime communiste une condamnation explicite, tout en prenant acte des conclusions de l'enquête, qui le mettent en cause. Pyongyang s'est récemment dit prêt à reprendre les "négociations à six" sur le démantèlement de son programme nucléaire, rompues en 2007. Selon le département d'Etat américain, la visite de Robert et de Hillary Clinton vise notamment à décider de la reprise de ces discussions, qui, outre les deux Corées, réunissent les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie. La Chine, qui a rompu ses relations militaires avec les Etats-Unis en début d'année après l'annonce de ventes d'armes à Taïwan, a fait part de ses soupçons concernant les manoeuvres prévues ces prochains mois en mer du Japon et en mer Jaune. Robert Gates a rejeté les inquiétudes chinoises, soulignant que les manoeuvres, qui doivent commencer le 25 juillet, étaient des exercices de routine qui se dérouleraient dans les eaux internationales. "Il n'y a aucune provocation", a-t-il assuré. La Chine a mis en avant son arsenal militaire avec son propre déploiement. Des images de la télévision d'Etat montrent de récentes manoeuvres effectuées par sa flotte de mer de Chine orientale entre son territoire et la péninsule coréenne. Un professeur d'études stratégiques à l'université de défense nationale, Zhu Chenghu, a indiqué au service de presse chinois que les manoeuvres communes de Séoul et Washington envoyaient un message tant à la Corée du Nord qu'à la Chine. "Elles seront conduites en mer Jaune, qui est le point d'entrée en Chine, et sont destinées de toute évidence à montrer leur puissance militaire", a-t-il dit. Lors d'une conférence de presse jeudi dernier, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères avait fait savoir que la Chine "s'opposait résolument à toute activité en mer Jaune susceptible de menacer la sécurité de la Chine". Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Yu Myung-hwan, avait indiqué avant les discussions avec Gates, que Washington pourrait infliger de nouvelles sanctions à Pyongyang pour le naufrage de la corvette Cheonan. Robert Gates, qui n'a pas commenté cette information, a rappelé que la Corée du Nord avait déjà fait l'objet de sanctions. "Je pense que la Corée du Nord est aussi isolée que peut l'être un pays vu le nombre de sanctions de l'Onu qui ont été adoptées à son encontre", a-t-il estimé. Il n'y a pas de rapide amélioration des relations avec Pyongyang, a néanmoins reconnu le chef du Pentagone. "C'est un défi qu'il va falloir gérer pendant plusieurs années. Mais la pression continue à monter doucement dans le Nord", a-t-il dit.