Le rêve s'est tout d'un coup transformé en cauchemar. Il faut dire que le onze national s'est amusé à flirter avec les deux. Pourtant, finir premier de son groupe lors des éliminatoires, sans jamais avoir convaincu, n'était pas un bon signe. Tout comme remettre cela lors de la phase finale de la CAN, dans son groupe ne pouvait en aucun cas nous donner une légitimité... Jouer avec le feu Neuf matches à créer, à bricoler, à composer, à tergiverser et à souffrir, ont contribué à bâtir une carcasse, tant chez les joueurs que chez les supporters, qui ont fini par croire que cette équipe de Tunisie était sans doute bénie des Dieux et qu'elle était en tout cas immunisée contre le mauvais sort. Monsieur Leekens avait presque fini par nous faire croire qu'il est le sorcier blanc, venu guérir les maux occultes dont souffre cette équipe de Tunisie. Toujours selon ses dires. Il faut dire que notre ami belge a oublié de préciser quelque chose au passage. Justement que lui n'est pas Johachim Lowe et encore moins Mourinho et que sa gestion si débridée de notre équipe nationale allait finir par nous mener tout droit dans le mur. Pour prendre en mains l'équipe de Tunisie, Georges Leekens était pourtant prêt à tout. A accepter d'être le sélectionneur le moins payé de la planète, quand son patron lui a interdit de convoquer le «pestiféré» Hamdi Harbaoui. Mais à la fin, qu'importent ces détails et ces futilités face aux résultats. Première place du groupe éliminatoire, première place du second groupe, celui de la phase finale et qualification aux quarts. Et une première erreur fatale : certains, Leekens en premier, (ses joueurs, ses adjoints, les dirigeants fédéraux et de nombreux observateurs aussi) ont fini par être convaincus que plus cette équipe de Tunisie jouera mal et plus elle a de chances d'aller loin. Car l'histoire des éliminatoires et de la phase finale de la CAN est l'histoire d'une inexorable descente aux enfers au niveau du jeu. Tout le jeu : du choix initial du onze rentrant, à la tactique et à la stratégie en passant par la disposition des joueurs pour finir avec les changements en cours de jeu et leur timing. Des exemples, en veux-tu, en voilà. A l'heure où le football d'aujourd'hui fête et exalte le jeu offensif, Leekens est revenu à trois défenseurs centraux soit cinq défenseurs, plus un pivot défensif qui joue à 70 mètres des buts adverses. Ce n'était pas mieux auparavant, puisque nous avions droit à quatre défenseurs et deux pivots défensifs. Et nous revenons à nos six joueurs en défense ! Résultat ? Un premier, d'abord, qui casse totalement ce choix, même avec ce nombre impressionnant de joueurs en défense, l'Equipe de Tunisie a toujours risqué et toujours encaissé des buts. Le second, c'est qu'il y a toujours eu un gouffre énorme entre notre arrière-garde et nos attaquants. Qui ont conditionné le rendement des différents Chikhaoui, Khazri, Moncer et Msakni, contraints de s'essouffler à chercher le ballon loin derrière. Et sans le culot, la force physique et l'envie de Akaïchi, on aurait sans doute marqué encore moins que cinq petits buts. Football d'un autre temps Certains diront que les liaisons ont été plus efficaces lors de nos deux dernières confrontations. Elémentaire, mon cher Watson, puisqu'en même temps que Leekens a rétabli Ferjani Sassi dans ses droits, il a offert la moitié du terrain au Congo (qui en a profité pour se qualifier aux quarts) et à la Guinée équatoriale qui n'en demandait pas tant. Football d'un autre temps qui a fait de l'Equipe de Tunisie et, surtout de son jeu, le plus antipathique de cette édition de la CAN. Tous derrière, tous à se cacher dans l'espoir de profiter d'une bévue de l'adversaire. Ça pouvait fonctionner une, deux, voire trois fois. Jamais toujours. Sinon, pourquoi on s'entraîne? Pourquoi on établit des stratégies pour gagner? Et pourquoi on cherche à marquer des buts? Par ses choix et sa stratégie de la peur, Leekens a humilié notre football et en a donné une image lamentable. Adjoints et responsables n'ont pas réagi pour entamer la onzième année consécutive d'une histoire récente de lourds et douloureux échecs.