Ils devaient trouver un accord sur la composition des commissions et surtout au niveau de la présidence de celles-ci, mais les présidents des blocs parlementaires ne sont pas parvenus à un accord. La réunion est finalement reportée à cet après-midi, le temps qu'on accorde les violons à l'intérieur et à l'extérieur des blocs Après l'adoption du règlement intérieur et la formation du gouvernement, les différentes formations politiques cherchent désormais à se positionner à l'intérieur des murs de l'Assemblée et surtout au niveau de ses structures. Pour eux, il n'est pas question de se tromper de choix ou de mal négocier, car la distribution des rôles au sein de l'ARP déterminera leur avenir et leur impact sur le déroulement des choses pendant toute la mandature législative. La lutte de positionnement continue Outre le président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et ses deux adjoints, le bureau de la présidence est composé de 10 députés dont chacun dispose de prérogatives propres. Il s'agit d'un chargé des affaires législatives, d'un chargé des relations avec le gouvernement et la présidence de la République, d'un chargé des relations avec le pouvoir judiciaire et les instances constitutionnelles, d'un chargé des relations extérieures, d'un chargé des relations avec les citoyens et la société civile, d'un chargé des Tunisiens à l'étranger, d'un chargé des médias et de la communication, d'un chargé de la gestion générale, d'un chargé de contrôle sur les dépenses et d'un chargé des affaires des députés. Si Nida Tounès a déjà choisi les siens : Hatem Ferjani (relations extérieures), Khaled Chaoukat (relations avec les médias), Hamdi Guezguez (gestion générale) et Lamia Mlaih (relation avec les citoyens et la société civile), le reste des blocs n'est pas forcément d'accord avec les orientations de Nida Tounès. «Un seul bloc ne peut pas s'accaparer des domaines aussi stratégiques que ceux des relations extérieures ou la relation avec les médias, conteste le président du groupe Ennahdha, Noureddine Bhiri. Même chose pour la gestion générale, il n'est pas normal que le parti qui préside le Parlement soit également chargé de la gestion général», ajoute-t-il, alors qu'Ennahdha a lui-même avancé ses élus en visant notamment les relations avec les médias et la relation avec le gouvernement et la présidence de la République. Le deuxième parti de l'Assemblée en termes de représentativité propose l'ex-ministre de la Formation professionnelle et de l'emploi, Naoufel Jammeli, comme adjoint chargé de la relation avec le gouvernement et la présidence de la République. On retrouve aussi le rapporteur général de la Constitution, Habib Khedhr, pour les relations avec le pouvoir judiciaire et les instances constitutionnelles, Houssine Jaziri, chargé des relations étrangères, Nedhir Ben Ammou aux affaires législatives, Badreddine Abdelkefi pour les relations avec le citoyen et la société civile, et enfin Meher Madhioub pour les médias et la communication. Le Front dénonce une connivence De son côté, le Front populaire, qui compte sérieusement prendre la tête de l'opposition à l'hémicycle, dénonce ce qu'il appelle « une connivence entre les partis majoritaires visant à créer un groupe parlementaire supérieur à celui du Front». C'est en tout cas ce que déclare Nizar Amami, le député frontiste et candidat au poste d'adjoint. Selon lui, l'objectif d'une telle manœuvre serait de barrer la route aux députés de gauche et «les empêcher de présider la commission des finances». L'article 53 du règlement intérieur stipule que les « adjoints du président sont choisis à la représentation proportionnelle». Les blocs parlementaires majoritaires sont prioritaires dans les choix. Les frontistes le disent et le répètent : «la commission des finances doit nous revenir». Une des principales divergences de la gauche radicale avec le gouvernement Essid a été les orientations économiques. La présidence de la commission des finances embarrasserait de ce fait le gouvernement et la majorité de droite, surtout à quelques mois de la présentation d'un projet de loi de finances complémentaire. Nida Tounès et Ennahdha le savent, même si les frontistes ne sont pas nombreux au Parlement, leur force de frappe pourrait être douloureuse. D'ailleurs, Noureddine B'hiri l'admet : «Nous pourrions, selon le règlement intérieur, confortablement choisir nos positions, mais notre dilemme est de se faire accepter par l'ensemble des blocs, et les convaincre des postes qu'on leur propose». Déjà quatre mois depuis l'élection de l'Assemblée des représentants du peuple, et des dossiers tels que la loi antiterroriste, la loi de protection des forces de sécurité, la loi électorale pour les élections municipales, attendent dans les tiroirs la fin des chaises musicales.