La Tunisie, classée 126e, gagne 7 places La Tunisie a gagné 7 places dans le classement mondial de la liberté de la presse — édition 2015 — en se classant 126e sur 180 pays, selon le rapport annuel de RSF (Reporters sans frontières) paru le 12 février. Le classement mondial de la liberté de la presse «met en évidence une détérioration globale en 2014» en raison de conflits un peu partout dans le monde, notamment au Proche-Orient et en Afrique, outre «la menace accrue d'acteurs non étatiques, les exactions commises lors de manifestations et par la crise économique et financière». Bref, cette régression est générale, les deux tiers des 180 pays figurant dans le classement mondial de l'édition 2015 «affichent de moins bonnes performances que lors des éditions précédentes, l'indice annuel exprimant l'intensité des atteintes à la liberté de l'information dans le monde culmine à 3.719 points, soit une hausse de 8% par rapport à 2013 et de près de 10% depuis 2012. Ce recul concerne tous les continents. La zone Union européenne - Balkans reste celle dans laquelle la presse est la plus libre, avec un score de 18,6%. Elle enregistre néanmoins la plus grosse dégradation de l'année». La zone Afrique du Nord-Moyen-Orient a enregistré cette année encore «l'apparition de nouveaux '' trous noirs" de l'information. Soit des régions entières passées sous le contrôle de groupes non étatiques dans lesquelles l'information indépendante est tout simplement inexistante. Exemple : l'Egypte (158e), la Libye (154e), la Tunisie 126e, derrière le Qatar et l'Afghanistan La Tunisie a progressé de 7 places, elle était classée 133e en 2014. Mais, selon RSF, «cette hausse est toute relative puisqu'en performance absolue, le pays stagne. Mais une stabilisation politique en 2014 a profité aux activités d'information. Quoique le nombre d'agressions commises à l'encontre des journalistes soit toujours trop élevé et la mise en pratique des dispositions garantissant la liberté de l'information tarde à se mettre en place». Notre pays est classé derrière deux pays maghrébins, l'Algérie, classée 121e et la Mauritanie 55e. Mais là où le bât blesse c'est que la Tunisie est classée derrière le Qatar qui occupe la 115e place. Ce qui laisse pensif sur les critères selon lesquels ce classement a été établi. Quoique RSF avance que les critères sont «le niveau des exactions, l'étendue du pluralisme, l'indépendance des médias, l'environnement et l'autocensure, le cadre légal, la transparence et les infrastructures». On peut se demander comment la chaîne qatarie Al Jazeera qui critique, voire fustige, tous les pays et régimes arabes ne pipe aucun mot sur le régime du Qatar, qui ne brille pas par la pluralité et l'indépendance de ses médias et encore moins par le cadre légal. La Tunisie est également devancée par le Mali (118e), l'Afghanistan (122e) et le Soudan du Sud (125e) (sic). Pour ne prendre que le seul exemple de l'Afghanistan et selon le rapport de Human Rights Watch (HRW), «les menaces et attaques directes contre les journalistes ont atteint un total de 68 incidents dans les 6 premiers mois de 2014». Cela sans compter «les auteurs d'intimidation tels des membres du parlement, des responsables gouvernementaux, des membres des forces de sécurité ou encore des membres de milices proches du gouvernement. Cela outre les insurgés talibans auteurs de violences contre les journalistes». On peut se demander si les critères choisis par RSF et leur méthode d'application sont les plus adéquats et les plus efficaces. Car quand on voit le rang qu'occupent certains pays du globe dans ce classement, alors qu'ils ne sont pas connus pour être des chantres de la liberté de la presse, on ne peut que rester dubitatif. Il y a certainement des choses à revoir dans les critères et leur application.