Fethi Akkari et sa troupe portent le message d'un autre temps, aux humains d'aujourd'hui La dernière pièce du centre d'arts dramatiques du Kef a été présentée sur la scène du Rio vendredi dernier. Thanaya al kamar de Fethi Akkari embarque une panoplie de comédiens dans la ville du Ferdaous. Dans cette ville où les hommes aiment le pouvoir et les femmes se sentent abandonnées, règne une atmosphère lourde et artificielle. Bientôt, c'est la fête de la lune, une tradition païenne célébrée sept jours durant. Cette année, le roi décide de réduire les festivités à trois jours, entre autres réformes. Fethi Akkari interprète le rôle du premier ministre. Ses apparitions se font sur un écran où il s'adresse à un roi présent uniquement par sa voix. A chacune de ces apparitions, le destin de Ferdaous glisse un peu plus vers la discorde. La ville reçoit un visiteur étranger qui se dit persan. Il ramène un livre qu'il dit contenir des lois susceptibles d'améliorer la qualité de la vie dans la ville. En l'absence d'une personne maîtrisant cette langue, Rjab, un derwiche, se propose pour faire la traduction. Commence ainsi une nouvelle ère pour Ferdaous, qui vit au rythme des paroles de Rjab. Celles-ci réécrivent l'histoire de la ville, qui finira par ne plus appartenir à ses habitants. Dans son texte et dans sa mise en scène, Thanaya al kamar est à mi-chemin entre le conte, la fantaisie historique et le réalisme amer. Ses personnages évoluent entre deux temps, entre deux ères, tantôt en costumes d'époque, tantôt dansant sur des rythmes contemporains. Leur mal d'être semble universel, entre mélancolie, désenchantement et perdition. Thanaya al kamar se veut un manifeste contre ceux qui entreprennent d'endormir les consciences et de maîtriser les esprits. Son metteur en scène désire pousser l'expérience théâtrale et scénique vers de nouvelles limites. La pièce entretient un rapport de questionnement avec le spectateur, en développant sur scène, d'une manière symbolique et philosophique, un ensemble de concepts qui touchent son quotidien.