Par Brahim OUESLATI LA Tunisie est en guerre contre le terrorisme. Ceux qui ne l'ont pas encore compris et faisant comme si nous étions immunisés contre ce fléau, ou que ces quelques jihadistes qui sèment la mort n'étaient que de jeunes égarés qui finiraient par se repentir, soit ils sont le tort, soit ils sont de mèche. Le pays est menacé de tous bords. Aux frontières sud où la guerre civile s'installe dans un pays voisin, la Libye. Aux frontières ouest où, malgré les efforts de l'armée algérienne et la coordination sur le plan sécuritaire avec la Tunisie, les infiltrations continuent. A l'intérieur où nul n'est à l'abri d'un acte terroriste surtout que des centaines, plus de 500, de combattants jihadistes sont rentrés de Syrie et de l'Irak. Daech est parmi nous Daech est à nos portes, il est parmi nous. Ce n'est ni une rumeur ni une fiction. C'est malheureusement la réalité que beaucoup ne veulent pas voir de face. L'intervention égyptienne en territoire libyen pour punir les combattants de Daech, suite à l'horrible décapitation de 21 citoyens, va, certainement, accentuer le flux des Libyens sur les passages frontaliers de Ras Jedir et Dhehiba, surtout que l'Egypte a fermé ses frontières avec la Libye. Et si l'on sait que près du quart de la population libyenne se trouve parmi nous et dont certains se conduisent comme dans des territoires conquis, les risques n'en seraient que plus grands et rien n'empêcherait l'infiltration des armes et des terroristes. Depuis 2012, le nombre de martyrs parmi les forces de l'ordre et de l'armée va augmentant. Avec les quatre agents de la garde nationale qui sont tombés, hier matin, victimes d'une lâche attaque terroriste, on compte plus d'une soixantaine de militaires et d'agents à avoir sacrifié leur vie pour le pays et pour nous les Tunisiens. Pendant ce temps, et alors que l'Egypte appelle à une intervention armée en Libye et que le conseil de sécurité est saisi d'une demande dans ce sens, du côté des autorités tunisiennes, c'est presque le black out total. On a entendu beaucoup plus les conseillers et les porte-parole des chefs de l'Etat et du gouvernement et des ministres de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères que les premiers responsables eux-mêmes. Quid de cette absence de notre pays sur le dossier libyen. Quid, également, de l'incapacité de nos services de renseignements à prévenir et à anticiper. Ceux qui ont participé à « leur décapitation » après le 14 janvier 2011 ont-ils, aujourd'hui, un quelconque remords ? Pendant ce temps, les grèves et les débrayages continuent, les revendications salariales se font pressantes et les syndicats, tel celui de l'enseignement secondaire, n'ont plus de « lignes rouges ». Alors que la seule ligne rouge doit être la sécurité du pays et sa stabilité. Et les partis politiques, dont certains sont prompts à critiquer, à manipuler l'opinion publique et s'efforcer de « blanchir le terrorisme et les terroristes », restent presque muets. Et ces propagandistes des « droits de l'Homme » qui nous ont « abreuvés » de mensonges en semant à qui voulait les entendre que la police tunisienne comptait plus de 300.000 agents, ont comme avalé leur langue. Le feu est en la demeure Le moment est grave et le pays traverse des zones de fortes turbulences. Le président de la République, qui a pour mission de déterminer « les politiques générales dans les domaines de la défense, des relations étrangères et de la sécurité nationale relative à la protection de l'Etat et du territoire national contre toutes menaces intérieures ou extérieures », doit assumer, pleinement, ses responsabilités en tant que chef suprême des armées. Le feu est en la demeure. Il doit intervenir pour dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité aux Tunisiens qui attendent de lui un message mobilisateur, apaisant et rassurant, sur la situation qui prévaut actuellement. Et surtout appeler à la mobilisation générale. Oui, la mobilisation générale. Le chef du gouvernement, qu'on n'a pas entendu depuis son investiture, est appelé à parler et dire clairement aux Tunisiens ce qui se passe sur nos frontières et dans les régions frontalières, sur ces jihadistes rentrés au bercail, les infiltrations d'éléments terroristes, la présence des Libyens chez nous dont on ne connaît ni le nombre ni la situation et tant d'autres choses que les Tunisiens ont le droit de savoir. Il est temps d'activer la loi antiterroriste de 2003, devenue une revendication majeure des forces de sécurité. Il est temps que cessent les grèves et les revendications syndicales. Une trêve sociale est devenue impérative et c'est à l'Assemblée des représentants du peuple de prendre ses responsabilités sur ce plan. Mais tout cela ne saurait se réaliser sans l'implication des citoyens, notamment les citoyens lambda, appelés plus que jamais à plus de vigilance et à une meilleure collaboration avec les services de renseignements. La Tunisie nous interpelle tous. Il y va de sa stabilité et de notre sécurité.