La Tunisie produit chaque année près de 2,2 millions de tonnes de déchets ménagers, soit 0,6%kg par jour pour chaque citoyen, essentiellement composés de matières organiques (68%), de plastique (11%) et de papier (10%) selon l'Agence nationale de gestion des déchets (Anged). Ce qui dégrade l'environnement, augmente la pollution et détériore la qualité de la vie. Des Associations ont été créées après la révolution pour assurer le tri et le recyclage des déchets. Or, ces associations de collecte des déchets, de leur recyclage et leur valorisation sont loin d'atteindre leurs objectifs. Beaucoup reste encore à faire malgré la participation de la société civile qui œuvre, à travers ces associations, à initier les citoyens à préserver la propreté de l'environnement et à leur apprendre le tri sélectif des déchets en vue de leur recyclage. Parmi les associations actives dans ce domaine, «Tunisie recyclage» située dans la banlieue nord de Tunis organise de temps à autre des opérations de sensibilisation auprès des citoyens afin qu'ils prennent conscience de l'impact néfaste que peut provoquer l'abandon anarchique des déchets. C'est sous le slogan «Tout ce qui se ressemble va ensemble», les membres de l'Association se sont donné rendez-vous, samedi dernier, dans leur local pour faire le sous-tri des sacs collectés et la classification des déchets par matière et type. Une opération, certes, peu attractive, mais importante pour la préservation de l'environnement. Priorité au tri Ce travail citoyen au profit de l'écologie et d'un environnement sain présente des avantages considérables aussi bien à court qu'à long terme. «Tunisie recyclage» est une association environnementale créée après la révolution en 2012. Sa devise : «Le tri, c'est vous. La collecte, c'est nous». Malheureusement, son action se limite pour l'heure à la banlieue nord de Tunis, «Mais ce n'est qu'un début», précise l'un de ses membres. Depuis sa création, elle a mis en place un système de collecte des déchets qui consiste en la distribution hebdomadaire à tous les habitants de la banlieue nord de deux grands sacs poubelles de couleurs distinctes : le bleu, pour la collecte des boîtes de conserve, canettes de soda, bouteilles en plastique et pots de yaourt et le vert est destiné aux emballages en carton et papier de toutes sortes. Par ailleurs, d'autres déchets sont récupérés, comme les piles usagées et les verres cassés qui doivent être déposés dans des cartons et non des sacs en plastique. Quant à la collecte des sacs remplis, elle se fait quotidiennement du lundi au vendredi. Le transport, le maillon faible Un camion appartenant à l'association collecte régulièrement les déchets sauf en cas de pannes qui sont «assez fréquents», selon les dirigeants de l'association. En effet, 40% des revenus de la revente des déchets sont consacrés aux travaux de maintenance du véhicule. Ce qui constitue le maillon faible de la chaîne, mais aussi un tracas pour «Tunisie recyclage», hélas, pas le seul. La rupture de stock des sacs à usage écologique est également fréquente. L'Agence nationale de gestion des déchets (Anged) peine à mettre à la disposition de l'association ce type de sacs. Malgré toute sa bonne volonté, «Tunisie recyclage» dispose d'un budget limité qui l'empêche d'étendre ses activités au reste du pays. Le ministère de l'Environnement lui a accordé en 2014 une subvention de 10.000 DT, sans compter la revente des déchets aux recycleurs. «Le manque de moyens financiers est handicapant», révèle le représentant de l'association. «On n'est plus en mesure d'assurer la gratuité des services», ajoute-t-il. Une contribution symbolique de 20DT pour venir en aide à l'association a été sollicitée auprès de tous les bénéficiaires de ce service. En matière de recyclage, on est encore loin du compte. Il reste beaucoup à faire.