Sacré meilleur directeur de la photographie lors de la 40e cérémonie des Césars qui s'est déroulée à Paris vendredi dernier, Sofiene El Fani est l'auteur de l'image poétique et saisissante de Timbuktu de Abderrahamane Sissako mais aussi de celle de « Vénus noire» et «La vie d'Adèle» d'Abdellatif Kechiche pour ne citer que ceux-là Devant quel défi vous met aujourd'hui ce César de la meilleure photo ? Cette récompense a été un moment magnifique, j'ai été comblé. J'ai commencé mon premier stage au cinéma à l'âge de dix-huit ans et, vingt-trois ans après, je reçois ce César... C'était comme un cadeau pour me dire que je m'étais engagé sur la bonne voie et m'encourager à continuer. Je tenais vraiment à partager ce prix avec ma Tunisie, c'est ici que je suis né, c'est ici que je me suis formé et c'est ici que je vis. J'ai pensé tout de suite à ma famille et mes amis ici. Je ne sais pas s'il y a vraiment un défi à relever, j'espère arriver toujours à être un bon collaborateur pour les réalisateurs qui m'accordent leur confiance pour mettre en image leurs projets. Mais il est certain que l'on va attendre plus de moi et cela dépendra de mes prochaines rencontres ! Que représente le film Timbuktu sur l'ensemble de votre carrière ? Timbuktu était une expérience intéressante et enrichissante. Comme après chaque film tourné, je m'élève d'un cran dans mon expérience professionnelle, humaine et artistique. Mais on ne peut pas parler de carrière encore, je suis encore relativement jeune et mon expérience reste encore modeste devant celles d'autres illustres collègues. Il était important pour moi de participer à ce film. En tant que Tunisien et Africain, le sujet me tient forcément à cœur, je voulais pouvoir apporter ne serait-ce qu'une toute petite contribution à cette lutte contre l'ignorance et le terrorisme dans laquelle nous sommes tous engagés. Cette récompense ne vous inspire pas l'idée de faire votre propre film ? L'idée et l'envie y sont mais ce n'est pas cette récompense qui les a fait naître. Je pense que c'était la motivation première dans ma volonté de faire du cinéma quand j'étais plus jeune. Cela m'accompagne toujours. Et je pense que cela m'aide beaucoup dans ma profession de directeur de la photographie. Il y a toujours quelque part dans mon esprit des fragments de récit, de petites scènes et des histoires que je construits au fur à mesure. Un jour j'en ferais... peut-être le pas...