Concert de l'Orchestre symphonique tunisien avec Bassem Makni au piano et Hamadi Wassim Ferjani, jouant du hautbois : un bel ouvrage, cousu main avec les fils du talent et les joyaux de la sensibilité. Un programme finement composé, autour de grands compositeurs classiques et contemporains, mettant en exergue l'enchantement de deux instruments : le hautbois et le piano, a été proposé mardi dernier au Théâtre de la Ville de Tunis. Brillant programme, donc, mené aux sommets par l'Orchestre symphonique tunisien dirigé par le maestro Hafedh Makni. Cela s'entend : la sûreté et la souplesse de sa battue lui permettent de tirer le meilleur de son Orchestre qui donne toute la mesure de son art dans des partitions aussi exigeantes qu'aventureuses. D'entrée de jeu, on est littéralement transporté par l'une des plus belles symphonies composées par A. Vivaldi, Sinfonia en Ré majeur (Allegro, Largo, Presto) dont l'interprétation s'est distinguée par la transparence du tissu orchestral, la subtilité du jeu, le contrôle dynamique du rythme et la fluidité du propos. Suivie par le magnifique et l'incontournable Adagio de Tomaso Albinoni interprété avec justesse par les membres de l'Orchestre symphonique tunisien. Ensuite, c'est au tour du jeune et talentueux hautboïste tunisien, évoluant à Lyon, Hamadi Wassim Ferjani, de nous interpréter le Concerto pour hautbois en Ré mineur (Andante e spiccato, Adagio, presto) qui fut parfait sur le plan formel et porté par un véritable souffle jusqu'au paroxysme final. Suivie de Hobbi yetbaddél de Hédi Jouini, dont il a fait l'arrangement et l'interprétation à le hautbois et avec Orchestre, faisant ressortir une beauté supplémentaire de la ligne mélodique. Muni de son instrument à vent, son osmose avec l'air qui l'entoure, son souffle et sa sensibilité, il nous livre un son riche, d'impressionnants phrasés et une capacité d'émouvoir. Le jeune souffleur s'en donne à cœur joie captivant l'auditoire du début à la fin. La partie suivante du concert fut consacrée à quelques joyaux de la séduction pianistique interprétés par le talentueux pianiste Bassem Makni qui, par son expressivité, sa poésie et sa musicalité séduisante, nous a livré la beauté des compositions: le 1er mouvement du concerto pour piano n°2 de Serguei Rachmaninov et ainsi que le deuxième mouvement de la symphonie concertante Mogador du brillant compositeur tunisien Jalloul Ayed. Bassem Makni a su nous enivrer dès le premier mouvement mené avec une grande subtilité jusqu'aux derniers airs, avant d'aborder la grande pureté des lignes mélodiques qui vont suivre. Tout au long de l'œuvre, l'équilibre était précis, clair et d'une grande majesté de forme. Concentré et narratif, il nous offre un récital juste et d'une infinie douceur. L'Orchestre a enchaîné, ensuite, une série de compositions haut en couleur, belles, joyeuses et lumineuses : La Marche nuptiale de F.Mendelssohn, La Danse hongroise n°1 de J.Brahms, Asturias de I.Albéniz, Sanad de A. Hammami et Libertango de A. Piazzolla qui débouchait sur un magnifique coup final, bissée pour le plus grand bonheur de tous !