L'espace d'art et de création El Teatro et l'association pour le développement durable grâce à l'art et la créativité Zenoobya organisent les rencontres «La Tunisienne : citoyenne à part entière» du 1er au 7 mars à El Teatro. Comment aborder la question de l'égalité dans l'héritage ? Comment convaincre ? Comment bousculer les mœurs sociales par rapport à cette question restée, malgré l'avancée considérable du statut de la femme tunisienne, taboue et considérée même comme hérésie ? C'est autour de cette question que se tiendront à partir d'aujourd'hui et 7 jours durant, les rencontres «La Tunisienne : citoyenne à part entière». Ateliers d'écriture de nouvelles, mise en espace, exposition et débat, que des moyens artistiques pour raconter des récits de vie, vulgariser et sensibiliser à la cause. «Etant présenté comme le modèle incontournable dans toute la région, de l'Afrique au Moyen-Orient depuis le 13 août 1956, le Code du statut personnel de la Tunisie (CSP) établit les droits et les devoirs de la citoyenne tunisienne. Faut-il préciser, qu'à sa publication, aucune contestation violente de rue n'a explosé dans une société majoritairement non éduquée. Près de trois générations de tunisiennes grandissent et s'installent aisément dans leurs droits, étant sûres que nul événement ne touchera à la configuration culturelle de la Tunisie post- CSP ! Mais l'Histoire toute récente a démenti avec violence ce confort culturel soporifique lorsqu'on a tenté de remplacer dans le texte de la nouvelle Constitution le terme ‘‘Femme égale de l'Homme'' par ‘‘Femme complémentaire de l'Homme'', il a fallu une levée de boucliers de masse pour que soit jetée aux oubliettes cette volonté de retour sur la dignité des Tunisiennes'', explique Zeyneb Farhat, chef de ce projet ambitieux. C'est dans ce contexte-là qu'une réflexion s'est installée, ces dernières années, sur ce problème tant épineux de l'égalité en héritage. Comment le penser aujourd'hui en termes de justice morale, économique et sociale, sans offenser les Ecrits Saints ? Mais bien au contraire, en les re-visitant par une lecture dynamique du «Non-dit», que seuls des Esprits Eclairés, Justes et Erudits ont la latitude de faire ? «Il n'y a que l'Art qui puisse porter sans violence, mais sans complaisance aussi, les voix des ‘‘Opprimées de la Terre'' auxquelles les Esprits Libres et Justes rendront justice par une réponse dans l'Esprit et aussi dans la Lettre», ajoute-t-elle. Ainsi, un atelier d'écriture, une mise en espace théâtrale, une conférence et une exposition seront au programme du 1er au 7 mars, à El Teatro....Mais qui seront visibles aussi par une transmission satellitaire dans d'autres espaces, sur le territoire tunisien. Pas moins de 15 participants (es), de tout horizon, amateurs(trices) et professionnels(les), écriront des histoires, vécues ou imaginées, que l'Animateur-Nouvelliste mettra sous le format de la technique de la Nouvelle, format littéraire proche du format théâtral. Une dizaine d'entre elles seront mises en scène et publiées en deux langues et éditées par la maison d'édition «Le 4e Mur», spécialisée dans les textes de théâtre. A noter que, pour la première fois, dans une Rencontre de Femmes, des hommes participeront aussi, partant du principe que le sujet de l'héritage est un sujet familial. La Mise en scène spatiale est un concept des plus originaux. L'artiste – metteure en scène, Khaoula El Hadef, donnera de la chair théâtrale, au fur à mesure des propositions d'écriture des nouvelles de l'atelier en y assistant toute la journée, pour les traduire, le soir venu, en scènes courtes d'un maximum de 10 mn, avec toutes les exigences de costumes, lumières et dramaturgie. Quant à la conférence-débat, elle portera, bien entendu sur la question : l'Egalité successorale dans tous ses états ? Des lectures différentes du texte Saint concernant l'héritage seront présentées dans un face-à-face entre 6 chercheurs(es), connus(es) pour leur intégrité intellectuelle et leur connaissance profonde du Texte Saint et la maîtrise de la langue arabe autour de 3 thématiques : La lecture du Fekh de l'héritage, La lecture du Destour de janvier 2014 et La lecture économique de l'héritage.