Par Mahmoud HOSNI UN expert économique a évalué la moyenne de la dette par habitant à 4.500 dinars/tête. Entendez du nourrisson de quelques jours au nonagénaire. Cela nous fait une belle ardoise en perspective. Tant pis pour les générations futures. Elles porteront à bras-le-corps le passif de la Tunisie post-révolution. La révolution aura vécu ! Pour mieux se perdre dans les dédales des débats byzantins, des discussions à n'en plus finir et des m'as-tu-vu à la télé... Donc, une cordée de dette sur les épaules de chaque Tunisien. Et pour quoi faire ? Pour satisfaire la montée des corporatismes et des individualismes, la vague des surenchères concernant l'augmentation des salaires, la création immédiate d'emplois. Paradoxalement, les divers chantiers (bâtiment et travaux publics) et secteurs (dont notamment l'agriculture et l'industrie) sont en quête — désespérée dirions-nous — de main-d'œuvre. Comment résoudre la quadrature du cercle ? Par ailleurs, des projets de toutes sortes sont à l'arrêt, presque à l'abandon, dirions-nous. Et ils ne datent pas d'hier: il y en a même qui remontent à 2005. Pourtant, les crédits y afférents sont disponibles. Résultat : certains projets vont être revus à cause de l'inflation et de la hausse des prix (matériaux et main-d'œuvre). Qui incriminer ? Si on invoque parfois des facteurs objectifs (problèmes fonciers notamment), il n'en demeure pas moins que la volonté — la bonne — des hommes est le premier facteur de ces retards, de cette lenteur mortelle. Autrement dit, c'est l'administration qui est l'ogre, mangeur de projets et tueur de toute initiative dans l'œuf. Et c'est ainsi que le gouvernement actuel se trouve confronté à une montagne de défis en tous genres, dont, en premier lieu, la relance ou l'accélération de la réalisation des projets régionaux mis en veilleuse. Les visites actuelles que mènent tant le chef du gouvernement que les ministres dans les régions ont permis de se rendre compte de cette situation franchement intolérable. Et dire que des gouvernements étrangers et des ONG sont là, prêts à apporter leur contribution au développement régional et à lui insuffler une impulsion réelle ! Autant dire que le gouvernement, bien édifié par les visites in situ, devrait s'engager à inscrire en primeur des priorités la relance et la réactivation des projets dormants. Sinon, les Tunisiens continueraient à traîner les dettes comme les chaînes d'un bagnard et ne pourraient pas alléger le fardeau de sitôt pour continuer à manger des fayots.