Place à de nouveaux textes de loi à même de protéger le droit des travailleurs et des travailleuses contre la violence économique. Nous célébrons, aujourd'hui, la Journée mondiale de la femme. L'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a choisi de célébrer cet anniversaire symbolique en mettant le doigt sur un problème social épineux aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale. « Non à la violence infligée aux femmes » exprime une position unanime des militantes et des militants tunisiens des droits de l'Homme. Cependant, comment doit-on se mobiliser pour éradiquer la violence à l'égard du genre ? Le service chargé des affaires de la femme, des jeunes travailleurs et des associations au sein de l'Ugtt a organisé, hier à Tunis, une conférence mettant en exergue l'écart flagrant entre les législations anti-violence à l'égard du genre et la réalité telle qu'elle est vécue par la gent féminine en Tunisie. C'est en décortiquant le problème à sa base qu'il serait plus aisé de le résoudre. M. Samir Cheffi, secrétaire général adjoint du bureau national de l'Ugtt, a avoué le déséquilibre sexiste marquant l'Ugtt. Les syndicalistes sont plus que jamais déterminés à rendre à la femme son droit à l'égalité et à prendre toutes les dispositions à même de lui garantir ce droit. La représentativité de la femme tunisienne au sein de l'Ugtt ne sera plus discutable. M. Cheffi a indiqué que la célébration de la Journée mondiale de la femme traduit, à chaque fois, la détermination de la femme tunisienne à s'imposer en tant que citoyenne et militante à part entière sur un pied d'égalité que son alter ego, l'homme. Il a indiqué que la violence infligée aux femmes apparaît sous différentes formes dont la plus crue sans doute et la plus atroce est celle de la violence politique. L'orateur a saisi l'occasion pour inviter l'assistance à une minute de silence en hommage aux femmes libyennes, un modèle humain du sens du militantisme et du sacrifice pour la dignité et pour la liberté. Entre l'enclume du gagne-pain et le marteau de l'exploitation économique De son côté, Mme Wassila Ayachi, membre du bureau régional de Ben Arous, a focalisé son intervention sur la violence économique à l'égard du genre. Depuis la fin des années 70, maintes mesures et décisions politiques ont été prises dans l'optique de booster le développement économique, dont le programme de la réforme structurelle, la libération du marché économique et les encouragements en faveur des investisseurs étrangers. Telle une arme à double tranchant, ces mesures ont préparé le terrain à d'innombrables formes d'abus et de violation des droits des travailleurs. Après la révolution, la situation a empiré. Et c'est bien la femme qui se trouve la plus touchée par ces abus. L'oratrice a attiré l'attention sur la situation socioéconomique des femmes ouvrières, des femmes œuvrant dans le domaine agricole ainsi que dans tous les domaines informels. Elle a parlé, en outre, de l'injustice dont souffre la femme active dans l'administration qui se trouve souvent privée de son droit au passage de grade par pure discrimination sexiste. L'oratrice a dénoncé, par ailleurs, les actes de harcèlement sexuel opérés dans le milieu public et dans le milieu du travail en particulier, appelant les femmes à briser le silence et à dénoncer ce comportement dégradant. Face à cette réalité que l'oratrice qualifie d'amère, la législation reste inefficace. Pis encore : le législateur a réglementé le travail informel au détriment des ouvriers et des ouvrières ( articles 4 et 6 du Code du travail ). Ne bénéficiant ni de couverture sanitaire, ni de la sécurité sociale, les ouvriers sont sous-indemnisés. Les femmes le sont davantage. Nécessité d'une législation protectrice des droits de l'Homme A la fin de son intervention, Mme Ayachi a appelé l'Etat à assumer ses responsabilités en mettant en place de nouveaux textes de loi pour protéger les Tunisiens et les Tunisiennes contre ces abus mais aussi de préserver la dignité de la femme. Elle a recommandé la consolidation du rôle de la société civile et des médias afin d'optimiser les actions de sensibilisation sur les droits de la femme et de dénoncer la violence économique. L'oratrice a souligné l'impératif de criminaliser le harcèlement sexuel et de veiller sur l'harmonisation de la législation tunisienne avec les conventions internationales, notant que la Tunisie reste encore réticente quant à l'adoption d'une cinquantaine de conventions et de protocoles internationaux. Pour sa part, Mme Ikbel Moussa, syndicaliste, a traité de la législation internationale et celle tunisienne en matière de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Elle a passé en revue les étapes relatives à la condamnation de la violence à l'égard des femmes. Aujourd'hui encore, beaucoup reste à faire pour stopper ce fléau. L'application des lois anti-violence à l'égard de la femme et l'enrichissement de la législation internationale par de nouveaux textes s'imposent.