Le travail de l'ensemble des musiciens et interprètes nous a donné l'impression d'assister à une ode à l'amour et à la paix. Une cinquantaine de spectateurs se sont déplacés, dans l'après-midi du lundi 16 mars, pour assister au concert donné par l'ensemble dirigé par Wannas Khlijène. Le concert a été programmé dans la deuxième journée des JMC, une manifestation qui se poursuivra jusqu'à samedi avec encore beaucoup d'animations, de shows et de concerts. Dans la salle de spectacles, à la maison de la culture Ibn Rachiq à Tunis, deux musiciens se sont placés, avec leurs instruments, au milieu de la scène ; le pianiste Mehdi Trabelsi et le contrebassiste Chawki Kifaya. Le spectacle est intitulé «Barat». C'est un spectacle particulier, où l'on présente des airs d'opéra classique en version arabe, puisés dans le répertoire de grands poètes, à l'instar de Jibran Khalil Jibran et Mawlaya Jalal Erroumi. Le spectacle a été signé par le talentueux duo soprano et ténor, Hinda Ben Chaâbane et Haytham Hdhiri, en compagnie des deux musiciens de talent. Un court morceau instrumental, léger et coloré, a ouvert le bal. Les musiciens, en duo, maniaient les notes graves et aiguës du piano, soutenus par les coups d'archet qui ponctuent le rythme. Tous les deux ont donné le ton du concert, avant la montée sur scène de la soprano Hinda Ben Chaâbane pour interpréter, avec sa voix de soprano, «Madinat al Hamam» (ville des pigeons), paroles de Wannas Khlijène. Toujours sur le même ton, la soprano, à la voix puissante, a enchaîné avec «Tarnimat», également poésie de Khlijène où l'on puise des onomatopées du malouf tunisien, à l'instar de «al hawa soltan yohkom». Dotée d'une voix angélique et forte, la soprano a charmé l'ouïe. Au passage, rappelons que cette jeune voix tunisienne, en vogue depuis quelques années, a participé à plusieurs festivals d'opéra à l'échelle mondiale. Le travail de l'ensemble des musiciens et interprètes nous a donné l'impression d'assister à une ode à l'amour et à la paix. Une ballade engagée qui chantait ces valeurs universelles et un opéra qui s'est mis en fête grâce à ces jeunes artistes. Stylé, ce fut au tour du ténor Haytham Hdhiri de donner sa prestation avec des titres comme «El bostan» «Ya kawm». Variant les genres, de l'engagé vers le léger, l'interprète, plein d'énergie, nous a récité des poèmes révélant ses puissantes qualités vocales. Pour gâter encore plus l'auditoire, notre ténor a rendu hommage au poète Youssef Rzouga en interprétant le titre «Osta». Face à une telle prestation, le public lui a offert une standing ovation. Un extrait de l'opéra Don Giovanni (Mozart) a été réservé pour la fin du concert. Signées par l'ensemble musical, les notes s'élèvent, et les voix résonnent dans les murs de la salle. On comprenait de suite ce que cette musique pure nous raconte. Le spectacle souligne un beau métissage et ravive un passé heureux et nostalgique. Le public était ravi par l'œuvre de Khlijène, qui oppose des œuvres du passé à de la musique contemporaine, témoignant d'un goût raffiné et de beaucoup d'originalité.