Un riche, trois pauvres est une pièce qui se joue dans la folie et nous raconte des bribes d'histoires ambiguës. La direction de l'espace El Teatro a présenté au public, jeudi dernier, la pièce intitulée Un riche, trois pauvres. La pièce, qui dure une heure et mise en scène par Abdelmonoom Chwayat, a ouvert d'ailleurs la manifestation de « Avant-première », dans sa dixième édition qui s'inscrivait dans le cadre de la rencontre annuelle du théâtre émergent. La rencontre se poursuivra jusqu'au 28 mars avec plusieurs représentations théâtrales. Quant à la pièce en question, elle a été jouée par un groupe de jeunes acteurs .Au nombre de 13, ces personnages, dont on ne connaît pas l'identité, ni non plus les rapports qui les lient, sont anonymes. Le décor est très épuré et simpliste. On y joue presque dans l'obscurité totale, à part un banc qui a été placé au bout de la scène, ainsi qu'un arbre qui apparaît de temps à de autre au fond de la scène. Le noir est envahissant et les projecteurs se focalisent sur les personnages qui apparaissent enfin. D'emblée, on est bien placé dans la folie et la joie. Capricieux et comme des enfants, les acteurs dansent, échangent des propos rigolos, parlent de tout et de rien, discutent des actualités, de la vie... On les voit dans tous les états d'âme de l'être humain, de la tristesse, de la colère. Quelques passages sont pourtant très audacieux : une parodie des sentences du Coran et des manières des pratiquants, ne laissent pas le public indifférent, des rires aux éclats. Un riche et trois pauvres porte en elle une critique acerbe des convictions des hommes de religion et des idées dogmatiques, le tout dans un cadre joyeux et humoriste. L'action devient de plus en plus rapide après, et la troupe se rassemble, en duo, trio ou en groupe, échange les regards et les répliques, des fous-rires très déplacés parfois, puis on passe à une autre scène : une femme se confesse, parle de tout ce qui ne va pas, de tout ce qui blesse... On saute d'une scène à une autre sans qu'il y ait réellement un lien logique entre elles, on est tantôt dans la joie, tantôt dans la tristesse ! On parle dans certaines scènes d'une famille déséquilibrée, où la femme, dominatrice, casse la personnalité de ses deux enfants, puis on revient illico à ces histoires de groupe qui se rencontrent dans un jardin. S'agit-il d'un jardin d'enfants, ou d'un jardin public, on ne le sait toujours pas ! La pièce semble nous raconter des histoires vraies, des histoires d'enfance, de cœur, d'humour et d'amour sans pour autant être inscrite dans une logique évolutive et soudée. Suivant un rythme binaire, on assiste à des entrées et sorties fréquentes des personnages, à des situations d'ambiguïté totale. Le discours et les répliques sont tantôt agressifs tantôt doux et rigolos. La pièce oscille également entre des moments de silence, d'autres de cris, de déchaînement et de folie. Bâtie sur la contradiction, la pièce se veut comme un essai, qui traite les problèmes actuels de la société, notamment celui du terrorisme et ces actes de violence sous couvert de religion. Même si on ne reproche rien au jeu d'acteur, presque sans faute, il y a lieu de dire que le texte n'était pas bien écrit.