Un plateau exotique et des saveurs asiatiques pour l'équipe de Tunisie : le Japon et la Chine L'Extrême-Orient pour oublier les vicissitudes du continent noir. Les Aigles de Carthage sont partis hier pour le Japon via Francfort, en Allemagne. Deux tests les attendent vendredi prochain à 11h30 (HT) à Oïta contre la sélection nippone prise tout récemment en main par l'ancien sélectionneur de l'Algérie, le Bosniaque Vahid Hallilhodzic, et lundi prochain à 12h35 (HT) à Nanjing contre la Chine populaire. Une mini-tournée asiatique placée sous le signe de l'exotisme, alors qu'en parallèle, nos voisins algériens, par exemple, ont choisi les pays du Golfe pour meubler les journées Fifa de cette fin du mois de mars. Affairisme et soupçons de clientélisme Nulle nécessité de mettre l'accent sur le bénéfice financier qu'espère tirer la fédération nationale de cette sollicitation et nul besoin d'insister sur la «bataille des agents», tous désireux de «parrainer» une telle expédition pour comprendre les ressorts mercantiles d'un événement en apparence uniquement sportif. Depuis quelques années, déjà, les sorties de l'équipe de Tunisie répondent de plus en plus à cet impératif économique financier, rapportant régulièrement un joli pécule sur lequel personne ne peut à l'évidence cracher. Sauf que les contrats doivent être conclus dans une transparence absolue de façon à s'épargner toutes formes de suspicion et de sous-entendus sur une quelconque préférence accordée à tel agent, ami du sélectionneur national, Georges Leekens. La priorité doit être naturellement accordée à la meilleure offre. Est-ce vraiment le cas du safari asiatique ? Les règles de la concurrence ont-elles été rigoureusement respectées, ou, a contrario, le copinage et le clientélisme ont-ils fait la différence ? Une mise au point de la fédération ne serait pas de trop, son mutisme et son incommunicabilité sur le sujet constituant une source de gêne. Ostracisme De la gêne, fédération et staff technique doivent en retrouver également devant les accusations d'ostracisme et de ségrégation formulées par le Club Sportif Sfaxien. Ses quatre internationaux Ali Maâloul, Mohamed Ali Moncer, Maher Hannachi et Taha Yassine Khenissi ne seront, en effet, de retour à Tunis de l'expédition asiatique que mardi 1er avril, en soirée, alors que le match en retard que doit jouer leur club devant El Gaouafel Sport de Gafsa est fixé au lendemain, mercredi 2 avril. Et ce n'est pas un poisson d'avril ! Quand on sait que le staff de l'équipe de Tunisie avait dès le départ exempté les internationaux de l'Etoile Sportive du Sahel au motif qu'un match retour des plus délicats les attend le 5 ou le 6 avril en Angola contre Benfica Luanda pour le compte de la coupe de la confédération, on comprend aisément pourqoi le Club Sfaxien s'insurge contre ce traitement qu'il trouve relever de la fameuse ligne de conduite «deux poids deux mesures». En tout cas, le club sudiste propose que ses internationaux livrent le premier match, vendredi au Japon avant de les libérer pour les voir rejoindre l'effectif de Ghazi Gheraïri. Haddadi, choix incohérent C'est un effectif de 23 joueurs qui a été retenu pour le double test asiatique. Avant-hier, le staff médical a dû constater l'indisponibilité pour blessure de trois joueurs convoqués : le milieu offensif de Bordeaux, Wahbi Khazri, le latéral gauche de l'Espérance de Tunis, Hatem Bjaoui et l'attaquant de Lens, Yoann Touzghar. Leekens a appelé deux joueurs à la rescousse : l'attaquant de l'Avenir de La Marsa, Amir Omrani, qui a renforcé l'effectif depuis lundi et le latéral gauche du Club Africain, Oussama Haddadi qui rejoindra Francfort à partir d'Istanbul, en Turquie. Nombreux sont ceux qui s'étonnent de voir un remplaçant au CA, absent une longue partie de la saison pour un différend sur le renouvellement de son contrat avec son club, débarquer dans le Club Tunisie. Le choix incohérent trahit-il au fond une pénurie affligeante d'arrières gauches dans notre championnat. Bref, les Aigles de Carthage vont s'employer à rebondir après une campagne équato-guinéenne qui ne leur aura réservé que rage et amertume. L'Asie ressemble pour ainsi dire à un voyage à la recherche du temps perdu.