Une ultime rencontre pour rien. Hier, les syndicalistes de l'enseignement secondaire ont rencontré le ministre de l'Education et ont rejeté sa proposition de leur servir une augmentation mensuelle de 90 dinars Hier, tout au long de la journée, les Tunisiens ont assisté médusés aux explications et aux justifications produites par les membres du Syndicat général de l'enseignement secondaire sur le refus de la proposition du ministère de l'Education d'accorder aux enseignants (97.000 au total) une augmentation de l'ordre de 90 dinars par mois (une enveloppe totale de plus de 80 MD). Lassaâd Yacoubi et Néjib Sellami, respectivement S.G et S.G adjoint du Syndicat général de l'enseignement secondaire, se sont, en effet, relayés sur les plateaux radio pour révéler : «La proposition du ministère est inacceptable vu sa valeur dérisoire dans la mesure où avec la déduction des impôts, les enseignants ne recevront que 60 dinars sur les 90 promis. L'offre du ministère ne nous est pas parvenue par écrit et nous ne pouvons pas l'accepter ou la rejeter tant qu'elle n'est pas officielle. Aujourd'hui, nous rencontrons le ministre pour un ultime round de négociations, et c'est à l'issue de notre entrevue que nous annoncerons nos décisions». Et les deux syndicalistes d'insister, appuyés par Sami Tahri, S.G. adjoint de l'Ugtt, son porte-parole (lui aussi enseignant du secondaire), sur les motivations qui ont poussé les enseignants à maintenir la pression sur le ministère de l'Education. Ils se sont employés également à dire «la vérité à l'opinion publique» et à innocenter «les enseignants qui sont aussi des parents d'élèves et qu'ils ne cherchent nullement à compromettre l'année scolaire en cours». «Les élèves sont d'abord nos enfants et leur avenir nous concerne en premier lieu», n'a pas cessé de marteler Néjib Sellami, S.G. adjoint du syndicat général de l'enseignement secondaire. «La campagne de dénigrement dont les enseignants font l'objet ne peut en aucune manière nous sortir de la crise d'incompréhension marquant nos relations avec le ministère de l'Education. Et nos différends n'ont pas de rapport avec le ministre actuel. Le dialogue est toujours possible Ils datent plutôt des accords conclus avec ses collègues des gouvernements de la Troïka I et II et de Mehdi Jomaâ. Ces ministres ont tous reconnu la légitimité de nos revendications. Seulement, ils n'ont rien fait pour dynamiser les quelques accords conclus avec eux. Habib Essid, chef du gouvernement, et Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple, nous ont promis d'accéder à nos demandes, mais leurs promesses sont restées sans lendemain», ajoutent-ils. Pour les syndicalistes, la crise actuelle ne doit pas être circonscrite à la seule dimension relative à l'augmentation salariale, objet de controverse avec le ministère de l'Education. «Nos revendications touchent également la réforme du système éducatif. Nous estimons que les enseignants constituent un partenaire incontournable dans cette réforme. Et nous appelons également à ce que les associations de la société civile y soient impliquées», argumente Néjib Sellami. Du côté du ministère de l'Education, on insiste sur le fait que «les revendications salariales des enseignants sont équivalentes à une enveloppe de 200 MD. Les primes spécifiques exigées par les enseignants ne peuvent pas être négociées en dehors des augmentations générales qui seront servies dans le cadre des négociations relatives à la fonction et au secteur publics». «Dans tous les cas, assure une source auprès du ministère, nous n'avons jamais fermé la porte au dialogue. Pour nous, l'essentiel est de sauver l'année scolaire en cours». Quant à la décision que tout le monde attendait tout au long de la journée, elle est tombée vers 19 heures, de la bouche de Néjib Sellami : «Les enseignants refusent à l'unanimité les 90 dinars proposés par Néji Jalloul, ministre de l'Education. Ils ne répondent pas à nos attentes». Les examens du deuxième trimestre reportés avant le démarrage des vacances scolaires de printemps auront-ils lieu à la rentrée? Néjib Sellami répond : «Les cours reprendront normalement. Les devoirs de synthèse et de contrôle n'auront pas lieu tant que les enseignants ne verront pas leurs revendications satisfaites».