Par Moncef KAMOUN* La France était attaquée un 7 janvier 2015 par des terroristes lourdement armés au siège du journal Charlie Hebdo dans le 11e arrondissement de Paris qui ont ouvert le feu à la kalachnikov tuant douze personnes dont deux policiers, et blessant grièvement au moins quatre personnes. Deux jours après, deux terroristes assassinent une policière et commettent une prise d'otages visant des Juifs, tuant quatre autres personnes. Alors la Tunisie, toute la Tunisie, société civile, partis politiques et citoyens convaincus que la solidarité est plus que jamais essentielle face aux terroristes, s'était levée, comme un seul homme, avec une seule voix pour crier «Je suis Charlie» Le mercredi 18 mars, deux terroristes ouvrent le feu sur des touristes au musée de Bardo à Tunis faisant 24 morts et 47 blessés dont 20 touristes, notamment quatre Italiens, trois Japonaises et trois Français. Une bonne partie d'entre eux était des croisiéristes en escale pour découvrir la capitale tunisienne et le musée national du Bardo, le plus prestigieux du pays, un policier tunisien est également tué dans l'attaque, les deux agresseurs ont été tués aussi sur-le-champ. Vers le coup de 13h30 quand l'opération est en plein et dans ce chaos difficile à maîtriser, le journal français «Libération» publie l'article de sa correspondante en Tunisie, Elodie Auffray, intitulé «C'est fini la Tunisie, c'est fini le tourisme». La colère des Tunisiens a été alors doublée, l'attaque du musée du Bardo, d'une part, et l'article noir du journal «Libération», de l'autre. Le titre a provoqué une très vive émotion dans le pays et pour cause. Vous croyez vraiment que deux gamins avec à la main un kalachnikov vont parvenir à mettre fin à notre pays, Madame? A quoi vous jouez avec ce titre? Est-ce que le même jeu que ces deux terroristes ou tout simplement vous avez voulu faire le buzz? Vous n'êtes pas sans savoir Madame et votre honorable journal que ce titre ne peut en aucun cas être gratuit. Alors, je me sens dans l'obligation de vous faire savoir que vous ne connaissez pas les Tunisiens et encore moins la Tunisie même si vous y habitez. Riche de ses 3.000 ans d'histoire et forte de sa liberté fraîchement retrouvée, cette terre de rencontres des civilisations, de tolérance et d'hospitalité ne pourra jamais être un sol pour l'obscurantisme. Aujourd'hui, Madame, notre pays a tout des grandes démocraties : une population éduquée, une classe intellectuelle favorisant le dialogue, et des assises civilisationnelles (dix mille neuf cent trente associations civiles pour dix millions huit cent mille habitants), la Tunisie saura sortir de cette attaque plus forte que jamais. Et le musée du Bardo, ce formidable berceau culturel retraçant l'histoire du pays sur plusieurs millénaires par le biais d'une large variété d'œuvres et d'empreintes de ces civilisations successives immortalisées qui est devenu le 18 mars le théâtre d'une attaque meurtrière, a ouvert de nouveau ses portes au public le 24 mars, soit moins d'une semaine après l'attaque. Non Madame, la Tunisie est toujours là et elle restera et aucune démocratie, ancienne ou naissante, ne finira. Nos démocraties vaincront ces barbares. Aujourd'hui, le monde entier admire la Tunisie berceau des révolutions arabes, mais certains médias français ont des problèmes avec notre pays dès lors qu'un simple événement en Tunisie lève un vent de solidarité mondiale pour ce petit pays. Certains médias français semblent se lever pour y faire barrage. Je me rappelle du reportage d'une chaîne française sur la Tunisie qui la montrait comme si elle était déjà tombée sous les barbares dogmatiques. Vous devez savoir ce que vous devez faire, Madame, pour calmer ces Tunisiens en colère. * Architecte