On l'a dit, la Tunisie, ce n'est pas fini. Depuis quelques jours, des hérauts chantonnent à cor et à cri un air de condoléance et de soutien. Le quotidien français, «Libération», n'a pas fait la part des réactions de solidarité prouvant une affection permanente pour la Tunisie, victime des attentats du Bardo. Des terroristes sont infiltrés dans ce musée pour massacrer des touristes innocents et noyer une nouvelle fois le pays dans un bain de sang. Ce musée, témoin d'une civilisation riche d'œuvres et de pièces rares, est directement menacé à cause de la dimension culturelle qu'il évoque pour les Tunisiens et les étrangers. Deux terroristes font feu au dépourvu des victimes qui sont assommés et des rescapés en panique ; des touristes tombent en nombre, et le sang coule. Ce sombre drame est l'œuvre de la barbarie, de la lâcheté, de la haine drapée d'une idéologie infâme et sanguinaire. Ces touristes sont des martyrs et ils sont confiés à la miséricorde divine. Que Dieu bénisse leurs âmes ! Chose singulière : par ces assassinats, on croit boycotter l'une des ressources du pays, le tourisme, alors que des indications donnent pour sûre la réussite de la saison qui commence. Le terrorisme ne tuera pas le tourisme, et Le Bardo, comme Charlie Hebdo, dans ce moment de deuil, acquiert une envergure historique pour avoir été le cadre d'un massacre effrayant par lequel on veut envoyer le pays dans les ténèbres de l'ignorance, de la misère, du crime, de l'échec. Depuis le 18 mars, le gouvernement, bouleversé par des incidents divers ( grèves des enseignants du secondaire, averses conséquentes et néfastes pour l'agriculture, ralentissement général de l'économie et du commerce, détérioration progressive de la situation financière de l'Etat, etc.) met à l'index, à l'unisson avec tous les partis politiques, le terrorisme dont l'œuvre criminelle sévit depuis bientôt quatre ans, en contribuant à grossir le nombre des massacres et des morts en Irak, en Libye et même à Paris. Une communauté de bandits mercenaires couverts de barbes, d'étoffes et de paroles qui ne ressemblent en rien à l'Islam, décrètent la mort et légitiment le crime. Ils sévissent en Irak comme une épidémie. Le mot d'ordre du gouvernement actuel, c'est de l'éradiquer à la base, de crainte que la Tunisie ne soit de nouveau victime d'autres attentats. A peine le soleil de midi exhibe ses dards dorés par une journée de printemps lumineuse et paisible que deux immondes personnes prennent leurs armes et tirent à bout portant, et à leur tour ils succombent sous les balles des militaires qui, alertés par le feu, accourent et improvisent une bataille rapide. Les cellules de secours assurent le soutien psychologique des blessés et des rescapés. La cause de la lutte contre le terrorisme n'a jamais eu autant de soutien, d'enthousiasme et d'ardeur patriotique. Les politiques rassemblés ne se voilent pas la face, ne parlent plus une langue de bois. Cette cause a été ébruitée, éventée, dispersée au sein de l'incertitude, de la peur, de l'indifférence. L'égoïsme politique a toujours fait les frais des anciens maîtres de La Kasba. La morale de l'histoire politique, noircie de plusieurs assassinats, dont celui commandité de Belaïd, salie de crimes contre nos soldats, est que ce mal s'enracine et trouve un terrain favorable pour se développer. Si les situations perdurent entre le répit de la rage terroriste et sa recrudescence, notre révolution est bien sur le fil du rasoir. Le projet de mener à bien cette guerre semble avoir effet en ce moment, et l'armée, aidée des services de police, va faire preuve de patience, de froideur et de professionnalisme. Le peuple meurtri par ce lourd bilan réclame vengeance. La solidarité est un vecteur de progrès dans cette lutte. Des armes et des balles saisies par nos gardes annoncent qu'on n'avait pas aussi bien passé au peigne fin les provisions étrangères à nos frontières et que l'éventualité d'autres crimes n'est point absurde. Si ce type de tuerie aveugle fait ravage, c'est qu'à coup sûr les réseaux mafieux de la contrebande sont à pointer du doigt. Avant d'attaquer les terroristes qui donnent du fil à retordre à notre jeune armée, il est nécessaire d'endiguer ces réseaux, de contrôler l'entourage des terroristes et leurs aides lâches. Si le prochain attentat est évité, et si la surveillance demeure méticuleuse et sûre, si des gens volontaires coopèrent avec les services de l'ordre qui enquêtent en amont, c'en est fini de ce fléau, et pas plus tard d'un an que les risques seraient minimes. Tous les moyens doivent être mis à contribution. La solidarité étant garante de la mobilisation, de la dissuasion, facteurs importants pour une lutte efficace contre ce mal.