La Tunisie ne dispose pas, jusqu'à ce jour, d'une stratégie claire en matière d'énergies renouvelables (ER), basée sur l'identification des zones à exploiter et des investissements directs nécessaires, outre les coûts et les zones d'approvisionnement, a indiqué l'expert en développement durable, Houcine Rhili. Intervenant, lors d'un workshop organisé avant-hier, dans le cadre du Forum Social Mondial «FSM 2015» qui se tient, à Tunis, du 24 au 28 mars, l'expert a précisé qu'à peine 2% de la production nationale d'électricité est produite à partir des énergies renouvelables, soulignant la nécessité de penser à l'utilisation directe des énergies renouvelables dans les usines et logements. La stratégie de l'Etat dans le domaine des énergies renouvelables devrait, selon l'expert, s'étaler sur une période de 5, 10 à 15 ans, vu que les investissements dans ce domaine sont lourds et que la Tunisie ne dispose pas de la technique permettant la transformation de l'énergie solaire en une énergie électrique. D'où, a-t-il dit, la nécessité de développer la recherche scientifique et de mettre en place des usines permettant la fabrication de ces équipements. En effet, la fabrication locale des équipements permettra une réduction importante des coûts de production, favorisant ainsi la maîtrise des prix et la concurrence au niveau de l'exportation, a soutenu Rhili. Il a précisé, dans ce cadre, que les industries tunisiennes ne sont pas concurrentielles, citant le coût élevé de l'énergie, du transport, du transport maritime et de l'électricité, entraînant donc la vente à perte, voire l'absence d'un marché intéressé par l'achat. Rhili a, par ailleurs, pointé du doigt le problème des déchets qui représentent une source importante d'énergie, précisant que les techniques de production d'énergie à partir des déchets sont développées à l'échelle mondiale et cela à un coût réduit. Il a recommandé, à ce sujet, la création d'une unité de transformation des déchets ménagers d'une capacité de 50 mille tonnes/an et dont le coût avoisinerait les 3 millions de dinars. L'unité produira le méthane, qui après traitement, sera utilisé directement en tant que gaz biologique dans le domaine industriel ou pour la production de l'électricité ainsi que la cuisson. Pour sa part, Aziza Darghouth Medimegh, consultante, a mis l'accent sur la nécessité de réfléchir à l'avenir et à la raréfaction des ressources et non aux coûts élevés des ER. Elle a précisé que la carte géologique de la Tunisie n'a pas été renouvelée depuis l'indépendance, d'où l'absence d'une recherche réelle sur le terrain et la méconnaissance des potentialités des régions en ressources naturelles. Et d'ajouter que l'Etat devrait avoir une vision générale et définir des priorités au lieu de charger chaque ministère de mettre en place les siennes. Des chercheurs, des universitaires, des experts, des acteurs de la société civile, des étudiants et des représentants des institutions publiques de différentes nationalités prennent part au «FSM 2015».