M.A. Ben Achour, l'auteur, dédicacera son ouvrage demain, à la Foire internationale du livre Que d'interrogations soulevons-nous et soulèverons-nous encore à propos de ce qui est communément appelé «Révolutions arabes», leur avènement, leurs tenants, aboutissants, implications et... futur. Des explications intéressantes et des analyses avisées, il y en a eu. Mais elles ont, souvent, été écornées parce que occultant —ou franchement ignorant— un aspect ou un autre de ce phénomène, n'assouvissant que partiellement notre besoin de savoir... de comprendre. Dans son ouvrage L'excès d'Orient : la notion de pouvoir dans le monde arabe, qui vient de paraître, Mohamed El Aziz Ben Achour ne prétend pas livrer la vérité sur ces révolutions, mais apporter des «réponses stimulantes» aux questionnements quant à l'aptitude des pays arabes à la démocratie, soit le but essentiel de l'éviction populaire des régimes qui étaient en place. Pour ce faire, M.A. Ben Achour puise dans sa formation d'historien, spécialiste en civilisation islamique et en sciences humaines, pour nous offrir «un éclairage nouveau sur les traits constitutifs d'un pouvoir durablement marqué par l'histoire millénaire de cet Orient de vieille tradition despotique dans lequel, dès le VIIe siècle, l'Etat musulman s'était fixé», comme il dit et dont il n'a pas, malgré quelques variations, tellement bougé avant 2011. En remontant le temps pour expliquer cet «excès d'Orient», l'auteur ne manque pas de s'intéresser à «la relation entre le pouvoir et la société et ses caractères originaux qui se sont perpétués avec une constance remarquable, en dépit de la succession des dynasties et des régimes». Aguerri par son expérience politique (il a été, dix ans durant, respectivement ministre de la Culture et Secrétaire général de l'Alecso), l'auteur analyse également les contacts des pouvoirs dans le monde arabe avec les puissances étrangères pour mettre en relief «le rôle des stratégies occidentales et leurs effets parfois féconds, souvent perturbateurs — voire destructeurs — sur les politiques de réformes entreprises à partir du XIXe siècle». Et d'aborder les avancées hésitantes de la démocratie dans les pays des révolutions de 2011, le chaos régnant en Libye, en Syrie et en Irak, ainsi que la place tenue par l'Islam dans le débat intellectuel et politique pour s'interroger sur la nature de l'«Etat futur». M. A. Ben Achour, qui dédicacera son livre demain à partir de 16h00, au stand Al Kitab à la Foire du livre, justifie, enfin, «la crainte d'un échec de la modernité politique, accentuée par le sanglant activisme d'un jihadisme qui prétend ressusciter le califat». Un livre-référence historico-socio-politique moderne. S. GRICHI