Il est des hommes qui ont servi la Tunisie avec dévouement, abnégation et probité et dont le souvenir reste gravé, à jamais, dans la mémoire des Tunisiens. Quand le pays a fait appel à leurs services, ils n'ont pas reculé devant l'ampleur des missions qui les attendaient et ils ont forcé parce qu'ils savaient que la Tunisie avait besoin d'eux et parce qu'ils étaient convaincus qu'ils devaient rendre au pays ce qu'il avait consenti pour qu'ils deviennent des cadres et des compétences sur lesquels il pouvait compter. Lassaâd Ben Osman, qui vient de nous quitter en silence, le silence des grands, est l'un d'eux. L'hommage que le peuple lui a témoigné n'égalera jamais les services qu'ils a rendus tout au long de sa vie à la nation. Et les ingénieurs agricoles et le grand ministère de l'Agriculture où feu Si Lassaâd a régné durant de longues années en tant que premier responsable d'«El Flaha» se rappellent toujours son sérieux, sa compétence, son dévouement, son obstination à gagner le pari d'une agriculture moderne et prospère et sa grande affection pour les jeunes techniciens et ingénieurs agricoles qui ont investi au début des années 70 la grande enceinte de l'avenue Alain-Savary pour prendre part à la grande aventure du décollage de l'agriculture tunisienne. Ses rapports avec les jeunes ingénieurs et avec ses collaborateurs les plus proches, dont on pourrait citer feu Ameur Horchani, secrétaire d'Etat chargé des Ressources hydrauliques durant de longues années et Abderrahmane Ben Messaoud, secrétaire d'Etat à l'Agriculture, témoignent de la haute idée qu'il avait de la mission qui lui était confiée et du rôle qu'il assumait dans le domaine de l'édification nationale. Plus tard quand on lui avait confié la responsabilité de diriger l'Union tunisienne de solidarité sociale (Utss), il a réussi à faire de l'élan solidaire et de la culture de l'assistance aux catégories vulnérables un acte de foi et un comportement d'hommes libres qui soutiennent des hommes libres, loin de la tentation de ceux qui misaient sur l'apparat et sur l'instrumentalisation politicienne de la bienfaisance. Comme tous les bâtisseurs qui n'attendent rien de personne, Lassaâd Ben Osman a accompli son devoir de citoyen qui a vécu pour la Tunisie et lui a offert sa vie. Il est parti pour un monde meilleur. Mais les grands hommes ne meurent jamais. Ils sont toujours vivants parmi nous.