Ce soir, clôture de la 10e édition de l'avant-première à El Teatro à 19h30 avec «Comment trouver quelqu'un comme toi, Ali?» un monologue de deux femmes palestiniennes, Raeda Taha et Lina Abyad, et dont le jeu est assuré par la première. C'est une femme qui se raconte. Se met à nu. Se dévoile. Puise dans ses mémoires et lance ses souvenirs en vrac, avec une éloquence naturelle et un sens aigu de l'interprétation, de l'imitation, de l'autodérision. Magistral. Gardons les détails pour sauvegarder le plaisir du spectacle mais signalons, en passant, que Ali Taha ( le père de Raeda) était un «Fedaï». Le mot ayant presque disparu du lexique du XXIe siècle, soulignons à tous ceux qui sont nés après les années 90 que le mot désignait les combattants palestiniens qui menaient des actions de guérilla contre l'armée israélienne. Il a accédé au statut de martyr en 1972, tué par un commando israélien. Il avait détourné un avion de la Sabena, vol 571... Raeda un prénom qui, en arabe, signifie pionnière. Et elle l'est vraiment en effectuant un défrichement, une déconstruction du mythe du martyr qui prend aujourd'hui une autre dimension, une autre signification. Ce spectacle a nécessité deux ans de préparation. Le metteur en scène, Lina Abyad, a joué également ici à la biographe, interviewant Raeda Taha, la poussant à retrouver des détails enfouis au fin fond de ses cellules mnémoniques. On a envie de dire thérapie.Collective, à ce stade-là. Une femme, une seule, peut parfois en valoir des milliers. Une phrase, une seule, peut souvent résumer toute une vie, tout un destin. Raeda Taha lance ici un tonitruant «Comment trouver quelqu'un comme toi, Ali?» à son Fedaï/martyr de père.