Par Mahmoud HOSNI Dans un pays qui a enfin dépassé la pénible marche de la transition et qui aborde le tournant de la continuité — et peut-être de la stabilité et du labeur —, l'on s'attend au début de la reconstruction. Car le pays, emporté dans la tourmente poste-révolution, durant quatre longues années, a fini par tanguer sous les coups de boutoir successifs ou simuttanés — des grèves, des sit-in, des actes de destruction de biens publics et privés et surtout des tiraillements et des batailles politiques pour les sièges de commande. Mais la Tunisie s'est surtout retrouvée en face d'un fléau sanguinaire : le terrorisme. Celui-ci s'était nourri avec la complicité ou la compromission de certains courants qui auraient même trouvé des alibis pour son éclosion. Malgré la vigilance, l'action anticipative et le sacrifie des forces de sécurité et de l'armée, le terrorisme est parvenu à passer à travers les mailles du filet et à frapper. Dernière cible : le musée du Bardo, berceau de la mémoire collective et des civilisations. Mais il s'agit également de porter un coup à la vitrine de la Tunisie, au tourisme qui fait vivre des milliers de familles. L'élan de solidarité internationale, dont la consécration a été la marche de dimanche pour stigmatiser cet acte primaire et à la limite de la bestialité, a mis du baume au cœur des Tunisiens, comme pour leur dire : «Vous n'êtes pas seuls dans cette épreuve tragique. Nous sommes à vos côtés». Mais la marche finie, les hôtes rentrés, les Tunisiens restent seuls, face à leur destin. Il s'agit en premier lieu d'extirper ce chiendent à la racine, de tarir ses sources de financement et ses complicités tapies comme des bêtes dans l'ombre. Cette tâche incombe à tous les Tunisiens, société civile, citoyens, pour soutenir l'Etat. Il s'agit de redonner un contenu concret à la réconciliation nationale, de laisser momentanément les citoyens et les différences politiques au vestiaire pour s'engager résolument dans une bataille décisive : éradiquer, ou du moins circonscrire, le terrorisme et aussi se remettre au labeur, tempérer les revendications intempestives. Les affiches sur les murs de la ville en disent long sur les déficits de toutes sortes qui pèsent sur les épaules de la communauté nationale. Et ce n'est pas en tendant la main, en obtenant des aides à droite et des emprunts à gauche que nous sortirons le pays de l'ornière. D'autant plus que, depuis le début de la révolution, de nombreuses promesses d'aide sont demeurées sans suite. Quant au gouvernement actuel, des priorités l'interpellent : donner corps aux projets urgents retenus, remettre le pays au travail et redonner un coup de fouet à l'administration, pour éliminer les blocages qui freinent la mise sur les rails de l'œuvre titanesque du développement.