Sept milliards ramassés par une dame en vendant les biens des Trabelsi Il faut avoir beaucoup d'imagination pour pouvoir oser un tel coup d'autant que la cible était des hommes d'affaires avertis. Nous sommes, en effet, au mois d'août 2014. Le monde entier savait que ce qui restait, en Tunisie, de la fortune du clan de l'ancien président Ben Ali a été confisqué par l'Etat. Pourtant, cette jeune dame allait trouver la faille pour ramasser, au final, en un petit mois un joli pactole estimé à sept milliards de nos millimes. C'est ce qui ressort de cette affaire examinée mercredi dernier par la huitième chambre criminelle relevant du tribunal de première instance de Tunis. Il faut dire que l'assistance était en présence de l'affaire du siècle, c'est dire comment une jeune dame âgée tout juste de trente-trois ans avait réussi à passer auprès de plusieurs hommes d'affaires comme étant un membre de la commission chargée de la liquidation des biens de la famille de l'ancienne première dame Leïla Ben Ali. L'accusée proposait à ses victimes des hammams, des hôtels, des villas et même de la vaisselle de luxe. Bien évidemment, le tout à un prix alléchant et défiant toute concurrence. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les trois victimes dans cette affaire n'avaient jamais douté de la bonne foi de l'accusée. Bien au contraire et à croire le texte de l'accusation, les trois hommes d'affaires sont allés jusqu'à remettre des acomptes à la jeune dame qui s'en est sortie avec une belle somme dans les poches. Sept milliards, tel était, le montant de cette supercherie. Il a fallu, toutefois, que l'accusée ne réponde pas à un appel téléphonique pour semer le doute dans l'esprit de l'une de ses trois victimes. Ce dernier avait, justement, remis la somme de sept cent mille dinars comme acompte pour l'achat d'un hammam sis à Sidi Dhrif dans la banlieue nord de Tunis. Une telle somme méritait, en effet, une petite enquête et c'est là que le premier homme d'affaires allait découvrir le pot-aux-roses. Le nom de l'accusée ne figurait sur aucune liste des membres de ladite commission à laquelle, elle prétendait appartenir. Il ne restait, alors, à ce malheureux homme d'affaires d'autre alternative que d'aller porter plainte et saisir la justice. Comme le veulent les procédures, une enquête a été ouverte et la jeune dame fut, ainsi, convoquée par les agents de la brigade économique d'El Gourjani. Ainsi d'une seule affaire vont en découler deux autres. Il se trouve que la suspecte avait reconnu avoir escroqué deux autres hommes d'affaires en leur vendant des hôtels et des maisons comme étant des biens confisqués par l'Etat aux Trabelsi. Le préjudice portait sur sept milliards. Le ministère public qui, alerté, a décidé la mise en détention immédiate de la jeune dame en attendant de comparaître devant la justice. Justement, son procès a eu lieu mercredi dernier devant la huitième chambre correctionnelle relevant du tribunal de première instance de Tunis. Coup de théâtre, l'avocat de la défense a présenté un rapport médical signifiant que sa cliente souffrait d'une maladie mentale. Autrement dit, elle est dans l'incapacité d'assumer juridiquement ses actes. Contre-attaque du ministère public dont le représentant a rejeté cet alibi remettant à la cour un document prouvant que l'accusée s'était fait aider par un médecin qui lui avait fourni un certificat où il prétendait que sa patiente souffrait d'une maladie mentale, et ce, moyennant une petite commission estimée à cent mille dinars. De la simulation, dites-vous. En attendant de prouver le contraire, la cour a renvoyé cette affaire au 8 avril prochain pour complément d'enquête et surtout pour convaincre.