De notre envoyé spécial à Pékin, Nizar HAJBI Booster les investissements à l'extérieur et relancer les échanges bilatéraux et multilatéraux, sont deux décisions majeures du gouvernement chinois qui cherchera, en 2015, à rattraper la baisse de ses exportations de 3,2% en 2014. Faire renaître les routes de la soie, terrestres et maritimes, est plus qu'un choix temporaire, c'est une option stratégique dictée par la volonté d'ouvrir de nouveaux — anciens — marchés, après la saturation du marché local et ceux du voisinage. Un fonds de 40 milliards de dollars y est alloué... 2015, correspondant à la dernière année du XIIe Plan quinquennal de développement, sera l'année des défis socioéconomiques pour les Chinois dont l'économie se trouve dans une période qui se caractérise par la variabilité du taux de croissance, les difficultés inhérentes à la restructuration, notamment administrative, et la nécessité d'ajuster les politiques de relance. C'est l'une des conclusion majeures du rapport d'activités du gouvernement chinois présenté par le Premier ministre chinois, Li Keqiang, lors de la troisième session de la 12e assemblée nationale du Parti communiste chinois (PCC) tenu au Grand Palais du Peuple, à Pékin, le mois dernier. De nouveaux défis Touché par la morosité de l'économie mondiale, l'Empire du Milieu s'apprête à connaître une année 2015 moins florissante économiquement et après les 7,4% en 2014, son taux de croissance sera encore plus lent avec les 7% prévus, loin des taux à deux chiffres qui avaient propulsé la Chine à un palier très élevé. Et alors que son développement économique est fondé sur l'injection massive d'investissements, avec la participation du privé dans des secteurs comme l'éducation et la santé, et que la consommation des ressources est devenue effrénée, la Chine se doit de maintenir un taux de croissance élevé afin d'assurer le bon fonctionnement, en continu, de son économie et de subvenir aux besoins, qui sont en augmentation continue, en nouveaux emplois. Développer de nouveaux moteurs de développement en est une solution stratégique que le gouvernement chinois a décidé depuis quelque temps et voilà qu'après le lancement des zones franches dans plusieurs provinces dont Shanghai, sud-est, ou encore Ningxia, au centre-nord, il se focalise sur l'intégration des économies d'outre-mer, comme Taïwan et des régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao. Aussi et au vu de la baisse des investissements immobiliers, l'encouragement des investisseurs chinois à aller investir ailleurs est une option prise pour booster les IDE chinois à l'extérieur. Ces derniers focalisent sur l'Asie et l'Australie qui est actuellement la première destination des investissements chinois et le principal partenaire commercial (6% des échanges commerciaux chinois). De même et suite à une baisse des exportations en 2014 de 3,2%, un nouvel élan sera donné par le lancement, en coopération avec d'autres pays de la région, de la ceinture économique de la route de la soie, ainsi que de la route de la soie maritime du 21e siècle. Plusieurs accords multilatéraux et zones de libre-échange prévus «Nous ferons progresser l'interconnexion avec nos voisins, l'instauration d'un système permettant de faciliter le dédouanement, de même que la mise en place de grandes artères de logistique internationale. Nous favoriserons l'établissement du corridor économique Bangladesh-Chine-Inde-Myanmar et celui du corridor économique sino-pakistanais. Nous encourageons le développement des zones pilotes de libre-échange de Shanghai, du Guangdong, de Tianjin et du Fujian, et généraliserons nos expériences réussies à l'ensemble du pays, de manière à former des fleurons de la réforme et de l'ouverture qui disposent chacun d'atouts uniques», avait annoncé le Premier ministre chinois, Li Keqiang, lors de la troisième session de l'Assemblée populaire chinoise. Aussi, a-t-il affirmé que la Chine tend à préserver le système de commerce multilatéral, notamment en signant plus tôt possible des accords sur les zones de libre-échange Chine-République de Corée et Chine-Australie. Il est aussi prévu d'accélérer les négociations sur la zone de libre-échange Chine-Japon-République de Corée, ainsi qu'avec le Conseil de coopération du Golfe et avec Israël. La Chine tend à faire appliquer le principe des bénéfices réciproques et celui du double gagnant au sein du système mondial du commerce. Sur fond de baisse de la production industrielle et le tassement des ventes en détail, la Chine a donc décidé la création de nouvelles zones franches dont certaines sont encore en phase d'expérimentation ou en phase de lancement, outre l'expansion de celle de Shanghaï. Tout en restant attentive quant à ses relations avec l'Europe et encore plus avec les Etats-Unis avec qui elle est en dialogue autour de la question des investissements. Selon le professeur Wang Yiwei de l'Institut des études internationales, chercheur en études financières de l'Institut de Chongyang (Rdcy) et directeur de l'Institut des affaires internationales, chargé du Centre des études pour l'Union européenne à l'Université Renmin de Pékin, 1,8% du PIB de la Chine est généré par les relations avec l'Europe. Le développement rapide de la Chine fait qu'elle a besoin encore d'investissements alors que les investissements en Chine génèrent 48% du développement chinois, ceux à l'extérieur en génèrent 40%. Toujours d'après le professeur Yiwei, le PIB de la Chine ne représente que 60% de celui des USA mais ses capitaux sont 1,8 fois plus que ceux des USA. Et si la vigilance s'impose dans ses relations, notamment avec les USA et l'Europe, la Chine ne perd pas de temps en multipliant les accords commerciaux avec ses voisins les plus proches et les moins proches. Cela toujours sous son fameux slogan «win-win» auquel elle attache beaucoup d'importance comme l'ont souligné à maintes reprises ses ministres Wang Yi, des Affaires étrangères, et Gao Hucheng, du Commerce. Investissements tous azimuts Un fonds de 40 milliards de dollars a ainsi été réservé à la route ou «la ceinture» de la soie et la route de la soie maritime du 21e siècle. Il figure parmi les priorités de la Chine. En effet, le conseil d'administration et l'équipe des cadres du fonds de la route de la soie ont été déjà constitués. Il commencera bientôt à investir, a déclaré dernièrement sa présidente, Jin Qi. Le fonds est conçu dans le but d'améliorer la coopération avec les pays voisins dans une vaste partie de l'Asie, de l'Europe et de l'Afrique. Le fonds n'est pas un organisme d'aide qui espère des principes de fonctionnement axés sur le marché et un rendement raisonnable pour les actionnaires, dont les réserves en devises de la Chine, la China Investment Corporation, la Banque chinoise d'import-export et la Banque de développement de Chine. Il respectera les règles du marché financier international en accueillant la participation des investisseurs chinois et étrangers, tels que le Fonds de développement Chine-Afrique et la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures. Selon un communiqué publié dernièrement par la Banque centrale chinoise, le fonds est une société à responsabilité limitée. La Banque centrale chinoise, en dépit de la stagnation économique persistante, même si des indices d'une relance ont été enregistrés au mois de février, avait réaffirmé, il y a quelques jours, sa position défavorable pour des mesures stimulantes de la situation financière. Pour revenir sur le fonds, appelé «Silk Road Fund», il investira principalement dans les infrastructures et les ressources, ainsi que dans la coopération financière et industrielle, afin d'avoir une prospérité et un développement communs, avait estimé la présidente lors d'une conférence de presse organisée en marge de la session parlementaire annuelle de la Chine. D‘après le même communiqué, la priorité du fonds est de «rechercher des opportunités d'investissement et de fournir des services monétaires à travers les initiatives de la ceinture et de la route». Le long de l'itinéraire de la route de la soie, la Chine et la Russie explorent une nouvelle coopération financière, a annoncé Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque centrale, lors de la même conférence de presse. «La Chine et la Russie sont deux grandes économies voisines, utilisant une grande quantité d'argent dans leurs commerce et investissements», a-t-il ajouté. La route et la ceinture de la soie bénéficient d'une attention particulière du parti et du gouvernements chinois et les bonnes relations que la Chine a su tisser depuis très longtemps avec la majorité des pays voisins, outre ceux de l'Afrique, lui ont valu plusieurs confirmations de participation et des propositions de partenariats dans le cadre de ces deux initiatives. Entre-temps, on attend des informations sur les participants et des accords...