Quand un homme de théâtre quitte la scène, rien ne va plus, l'horloge s'arrête, l'image se fige sur une scène, un souvenir, un moment, un instant éphémère... aussi éphémère que l'art qu'il exerce. On était loin de s'imaginer perdre aussi rapidement et aussi cruellement Ezzedine Gannoun, on ne croyait pas qu'il lâchera aussi facilement tant de projets, ses amis, ses collaborateurs et El Hamra qu'il chérissait tant... On ne passera plus du côté de la rue El Jazira avec autant d'allégresse qu'avant, en faisant une petite escale autour d'un café avec le maître des lieux. Ganoun aimait le théâtre, aimait la vie, la bonne table et la compagnie des amis...tant de pièces Dalia, Gamra Tah, Hob Fil kharif, Tyour Ellil, Otages, The end, et Monstranum's et tant de promotions de jeunes acteurs arabes et africains qu'il se faisait une joie d'encadrer et de mettre sur les sentiers du métier d'acteur. L'artiste était exceptionnel, l'homme l'était encore plus...lui, qui, à chaque évènement, savait cultiver le sens de la fête et du partage et qui invitait ses hôtes sur scène en disant d'un ton ironique «passons aux choses sérieuses», pour «une grande bouffe» joyeuse. Gannoun n'est plus ! C'est difficile à croire, plus jamais son coup de gueule, plus jamais sa bouille accueillante, plus jamais cette accolade amicale...El Hamra s'habille de noir, El Hamra est en deuil. Le théâtre tunisien, arabe et africain est inconsolable. Tant de choses à dire encore et qui seront tues à jamais