L'Organisation de défense du consommateur appelle à la mise en place d'une police de renseignement économique afin de contrôler les barons de la contrebande L'Organisation de défense du consommateur refuse la loi sur la concurrence et les prix dans sa version actuelle jugeant qu'elle n'est pas suffisamment dure pour protéger le consommateur. Hier, au cours d'une conférence de presse donnée au siège de l'organisation, Mohamed Zarrouk, président de l'ODC, a présenté les modifications qui devraient être introduites dans le projet de loi, en soulignant que celles-ci, qui concernent soixante articles, ont été présentées à la commission parlementaire de l'agriculture, de l'industrie et des services chargée de l'élaboration de cette loi. Selon le président de l'ODC, il est important que l'Etat joue un rôle de régulateur dans une économie de marché sapée par la concurrence déloyale et l'envolée des prix des produits de consommation alors que le pouvoir du consommateur s'est considérablement érodé. «Les sociétés occidentales ont également un système basé sur une économie libre mais des lois protègent le consommateur. En Tunisie, nous avons une grande frange de consommateurs dont le pouvoir d'achat est faible», a-t-il ajouté. Poursuivant ses propos, le président de l'organisation a justifié la nécessité de rendre plus rigide la loi afin de contrer l'emprise des grands industriels qui détiennent le monopole de certains produits et qui veulent imposer leur propre loi, faisant fi des réglementations qui régissent le marché. La loi des lobbies Le président de l'organisation a évoqué à ce propos la décision prise par le ministre du Commerce, la semaine dernière, concernant le gel des prix de deux produits de base, l'oignon et la pomme de terre, provoquant un lever de bouclier des producteurs et des fournisseurs qui ont réagi à cette mesure en refusant d'approvisionner les marchés. «Il y a de grands lobbies qui protègent leurs intérêts et il ne les arrange pas que la loi soit appliquée», a expliqué M. Zarrouk. Selon ce dernier, il faudrait prévoir des amendes plus sévères pour sanctionner les contrevenants qui ne respectent pas les mesures prises par le ministère du commerce, comme la gelée ou la baisse des prix, ou qui refusent tout simplement d'afficher leurs prix et pratiquent la concurrence déloyale, arguant, à ce propos, «qu'une loi faible, c'est-à-dire non appliquée, est le signe d'un Etat faible aussi». Le président de l'ODC a, également, mis l'accent sur la nécessité d'évaluer les défaillances des circuits organisés du commerce et de trouver des solutions radicales pour venir à bout des grands réseaux contrebandiers qui ont sclérosé le système économique du pays. Il a, par ailleurs, critiqué le monopole que détiennent de grands industriels sur certains produits de base, ce qui leur permet de contrôler les circuits officiels en imposant leurs propres règles, rendant difficile l'application de la loi de la concurrence et des prix. Renforcer le contrôle des chambres frigorifiques et de la contrebande vers les frontières Selon M. Zarrouk, tout industriel ne doit pas détenir plus de 40% des parts du marché pour un produit donné. Le président de l'organisation a, d'un autre côté, estimé que l'ODC doit être représentée dans le Conseil de la concurrence dont le rôle demeure encore faible, a-t-il souligné. Revenant sur les défaillances qui caractérisent les circuits du commerce organisé, M. Zarrouk a mis l'accent sur la nécessité de pénaliser les opérations déloyales et a estimé que l'Etat doit prendre des mesures beaucoup plus sévères afin de pénaliser notamment la contrebande des produits de base acheminés vers les frontières. M. Zarrouk a dans ce sens appelé à la mise en place d'une police de renseignement économique afin de contrôler les grands barons de la contrebande. Le président de l'ODC a, par ailleurs, insisté sur le fait de renforcer davantage le contrôle des chambres frigorifiques dans la mesure où des fournisseurs et des producteurs en profitent pour stocker leurs produits pendant une longue période afin d'entraîner une augmentation de la demande, ce qui va systématiquement se traduire par une hausse du prix de ces produits. Le président de l'ODC a également affirmé que les balances utilisées par les commerçants et qui proviennent pour la plupart d'Asie ne sont pas conformes aux normes. Par conséquent, il s'agit d'exiger des commerçants l'affichage, dans leur local, de la certification de l'Agence nationale de métrologie, attestant de la validité de leur matériel de pesée.