Une rencontre des régions s'est tenue, avant-hier, dans le siège central de l'Ugtt, dans le cadre du rapprochement des points de vue à l'intérieur du secteur et de la centrale syndicale autour des décisions prises par la commission administrative du 23 mars dernier. Après avoir étudié les quelques propositions, qui ont été avancées par le ministère de l'Education, les représentants des régions, qui ont terminé leur réunion tard dans la soirée, ont estimé qu'elles ne se hissaient pas au niveau des ambitions des professeurs et ils les ont donc refusées. Campagne de dénigrement Selon un de ses membres, Ouannès Njoumi, le Syndicat général de l'enseignement secondaire va rédiger un communiqué où il fera savoir à l'opinion publique nationale que le secteur est prêt à composer avec toute proposition sérieuse. En outre, le Syndicat est en train de coordonner avec le Bureau exécutif en vue de trouver des solutions, au plus vite, d'autant que l'année scolaire touche à sa fin. «Nous ne voulons pas arriver à une impasse et que la situation empire davantage, car cela n'est dans l'intérêt de personne. Bien au contraire, la complication de la situation ne peut que léser toutes les parties, les professeurs, les élèves et les parents, c'est-à-dire le pays tout entier», souligne Njoumi. Concernant ce que l'Ugtt appelle une « campagne de dénigrement contre les professeurs», menée par certains médias, notre interlocuteur exprime son étonnement du comportement de ces derniers, tout en le qualifiant d'infondé et de gratuit, car «à chaque fois que l'opportunité se présente, dans les médias, aux membres du Syndicat général pour éclaircir des questions ayant des dimensions professionnelles ou stratégiques en rapport que ce soit avec le système éducatif, la violence en milieu scolaire, ou d'autres questions y afférentes, ils ont essayé de le faire dans les détails, afin de bien renseigner l'opinion publique et bien lui faire comprendre le fond du problème», précise-t-il. Pour démentir les allégations de certaines parties qui essayent de caricaturer les enseignants en les présentant comme étant de purs matérialistes, ne songeant qu'à l'argent, Njoumi rappelle les deux grands axes déterminés par le congrès du Sges, qui s'est tenu au mois d'octobre dernier: la situation matérielle et morale des enseignants et le système éducatif avec ses deux volets, l'infrastructure des établissements scolaires et les programmes enseignés. De même que toutes les commissions administratives, qui ont suivi ce congrès, se sont limitées à classer les dix-neuf demandes décidées au cours de ce dernier. Augmentation exigée de 300 dinars en deux tranches Pour ce qui est de la situation matérielle, le membre du bureau national explique que leur demande n'est nullement excessive, comme on essaye de le montrer, puisqu'elle consiste en une amélioration matérielle qui soit susceptible juste de préserver la dignité de l'enseignant dont la situation n'a jamais connu, auparavant, pareille dégradation. L'interlocuteur s'appuie sur des études pour argumenter sa thèse, en citant notamment celle faite par l'universitaire Fathi Chamkhi, dans le cadre d'un colloque organisé par le Sges, où il a montré que 137 dinars doivent être, automatiquement et immédiatement, intégrés au salaire de l'enseignant. «Nos demandes, sur le plan matériel, se rapportent à l'augmentation des montants de la prime pédagogique, la prime kilométrique, celle de la rentrée scolaire et celle des examens nationaux en plus de la création d'une prime spécifique ; cette augmentation, que nous avons plafonnée, ne dépasse pas 300 dinars pouvant être répartis sur deux tranches, par exemple, et nous n'avons pas exigé l'application immédiate», scande Njoumi. Réformer l'école de la violence La légitimité des revendications est reconnue aussi bien par l'autorité de tutelle que par l'ARP, qui a accordé une audience au Sges, d'après lui. L'opinion publique devra donc à son tour, selon lui, se persuader du caractère raisonnable des augmentations réclamées par les enseignants ainsi que des réformes qu'ils exigent pour sauver l'école tunisienne du chaos dans lequel elle est en train de sombrer. Ce chaos, ajoute-t-il, fait d'elle une véritable fabrique de la violence, comme en témoigne le dernier attentat du Bardo où l'un des deux terroristes était un élève de terminale qui devait passer son examen de baccalauréat à la fin de l'année en cours. Cela sans parler de ceux qui sont partis pour la Syrie, la Libye et ailleurs», toujours selon le syndicaliste. «Alors, il est grand temps de procéder à une réforme radicale du système éducatif afin de cultiver des pensées et des esprits éclairés dans nos établissements scolaires, un projet qui ne peut, toutefois, aboutir qu'en rendant toute leur importance aux matières littéraires, artistiques et de sciences humaines, et non pas en ne s'intéressant qu'aux matières scientifiques et techniques, pour satisfaire les besoins du marché», conclut le membre du Sges.