Le dialogue national sur la réforme du système éducatif portera sur deux grands axes, notamment la gouvernance, la vie scolaire, l'infrastructure des établissements scolaires, les horaires scolaires, ainsi que les programmes et les outils de l'apprentissage, le système d'évaluation et les examens nationaux. A partir de ces axes, des commissions de réflexion composées d'experts, d'inspecteurs, d'instituteurs seront formées qui vont donner une vision globale de la réforme qui sera par la suite appliquée. Les Tunisiens ont toujours considéré leur école comme étant un motif de fierté nationale. C'est qu'elle a largement participé au développement du pays. A l'aube de l'indépendance, la communauté nationale a consenti des sacrifices énormes pour bâtir une école qui répond aux normes internationales. Il s'agit là d'un choix stratégique national. Aujourd'hui, l'école a malheureusement perdu de son rayonnement. La société n'a plus confiance en elle car tout le système éducatif est mis en cause. La baisse des performances des diplômés, l'abandon scolaire, la violence scolaire et d'autres phénomènes montrent que ce système éducatif nécessite une révision et une réforme globale. M. Adel Hadded, directeur général des programmes et de la formation continue au ministère de l'Education, a indiqué que tout les Tunisiens sont d'accord que l'école est en nette dégradation. Un diagnostic de l'état actuel des établissements scolaires a montré que deux types de facteurs sont à l'origine de la réforme. Ainsi, il est temps d'entamer une révision globale. Il s'agit de causes internes et d'autres externes. Des évaluations à l'échelle nationale et internationale ont montré que le niveau de la majorité écrasante des élèves sortants des établissements scolaires à est faible. Ainsi, les diplômés rencontrent de vrais problèmes notamment au niveau de l'insertion dans le marché de travail. « D'autres phénomènes liés au système éducatif actuel ont été soulevés notamment l'abandon scolaire, la violence scolaire, l'absence de discipline, les cours particuliers. Il s'ajoute à tous cela, la dégradation de l'infrastructure de la majorité des établissements scolaires », explique M. Haddad. Enseignement parallèle Notons que chaque année, et depuis une décennie, plus de 100 mille élèves dont l'âge ne dépasse pas 16 ans abandonnent l'école. Un chiffre alarmant qui représente 5 % du total des élèves inscrits dans les différents établissements scolaires. En plus de ces causes internes, notre interlocuteur a parlé de causes externes liées essentiellement au bond numérique que connaît le monde. Les établissements scolaires tunisiens doivent suivre ce big bang numérique. Le directeur général des programmes a évoqué, également le danger de l'enseignement parallèle. Il a indiqué que le développement des écoles coraniques anarchiques présente un grand danger pour l'école tunisienne. Cet enseignement parallèle non structuré attire, aujourd'hui, plusieurs familles. M. Haddad a évoqué, également, la montée de l'enseignement privé. Les Tunisiens n'ont plus confiance en l'école publique. Désormais, le nombre des parents qui s'adressent à l'école privée ne cesse d'augmenter. Cette situation critique de notre système éducatif a poussé le ministère de l'Education à penser sérieusement à une réforme globale. Toutefois, il est à noter que de 1958 jusqu'à 2010, c'est l'Etat seul qui programmait les réformes du système éducatif. Aujourd'hui, notre interlocuteur a précisé que dans le cadre de la prochaine réforme l'Utica le ministère de tutelle va favoriser l'approche participative. Plusieurs intervenants notamment des ministères comme l'Enseignement supérieur, les Affaires religieuses, la Femme et la Famille, l'Ugtt, Utica, l'Institut arabe des droits de l'Homme et des représentants de la société civile vont participer à cette réforme. La nouvelle constitution dans son article 39 insiste sur la qualité de l'enseignement. Le concept d'une école publique, gratuite et obligatoire, doit être gardé. Par ailleurs, notre école doit être démocratique respectueuse des droits de l'Homme et des valeurs de la citoyenneté. Tous les élèves, qu'ils soient dans les villes ou dans les régions de l'intérieur doivent avoir les mêmes chances d'apprentissage. Aucune discrimination ne doit être exercée dans les différents établissements scolaires. Ainsi, notre constitution et les pactes internationaux indiquent que l'éducation est un droit basé sur deux éléments essentiels : l'équité et la qualité. Dialogue national En pensant à la nécessité d'une réforme globale, le ministère de l'Education a procédé, tout d'abord, à démarche préconisée par plusieurs études et projets nationaux et des évaluations internationales sur le système éducatif tunisien. Côté pratique, « une haute commission de réflexion composée d'experts, d'universitaires, d'inspecteurs, de représentants de plusieurs ministères et d'organismes nationaux et de représentants de la société civile a été créée au sein du ministère de l'Education pour penser à la meilleure méthodologie de réforme. Cette commission va faire un diagnostic de la situation actuelle et préparera un document de référence qui présente les grands axes et orientations de la réforme. Ce document sera présentera dans le cadre de conférences régionales », explique M. Haddad. Ces conférences régionales qui vont démarrer prochainement doivent être achevées au plus tard à la fin du mois de mai 2015. Au cours de ces rencontres, tous les intervenants dans le système éducatif sont appelés à participer et donner leurs avis sur les orientations de la réforme. Tous les points qui seront soulevés dans ces conférences seront mentionnés et écrits dans un document de référence national sur la réforme. Ce document sera traité et utilisé comme une feuille de départ dans le cadre d'un dialogue national qui regroupera tous les intervenants dans le système éducatif national. Le directeur général des programmes et de la formation continue a déclaré que le dialogue national sur la réforme du système éducatif portera sur de grands axes, notamment la gouvernance, la vie scolaire, l'infrastructure des établissements scolaires, les horaires scolaires, ainsi que les programmes et les outils de l'apprentissage, le système d'évaluation et les examens nationaux. A partir de ces axes, des commissions de réflexion composées d'experts, d'inspecteurs, d'instituteurs seront formées qui vont donner une vision globale de la réforme qui sera par la suite appliquée. En guise de conclusion, M. Haddad a souligné que les systèmes éducatifs de bonne qualité sont basés, essentiellement, sur deux composantes, à savoir un bon niveau social de l'enseignant et une compétence professionnelle. Ainsi, les sages du ministère de tutelle et du syndicat de l'enseignement de base et de l'enseignement secondaire doivent trouver une solution rapide aux problèmes actuels. Toutefois, une solution fiable et durable ne sera faite que dans le cadre de la reforme globale et prenant en considération les deux composantes déjà mentionnées.