C'est le leitmotiv qui revenait sur toutes les lèvres de la délégation de «touristes officiels» venus, le temps d'une journée ce mardi, affirmer leur soutien, leur amitié, leur foi en la Tunisie et en son avenir. Trois anciens ministres, trois maires, quatre députés, un académicien, des directeurs de journaux, des producteurs, des éditeurs, constituaient l'essentiel de ce contingent de l'amitié venu de France, spontanément, demander « ce qu'on pouvait faire pour la Tunisie ». «Témoigner» a été la réponse de notre ministre du Tourisme qui les recevait. Témoigner que l'on peut et l'on doit venir en Tunisie, que notre pays est toujours aussi accueillant, chaleureux, ouvert... La journée fut longue pour nos hôtes de bonne volonté. Reçus par le président de la République, ils s'avouaient séduits par le charisme et le «parler vrai» de Si Béji Caïd Essebsi. Eric Woerth, ancien ministre français du Travail, et actuel député de l'Oise, dont c'était là la première visite dans notre pays, confiait : «J'ai dit au président que nous étions là pour apporter un témoignage de fraternité, et je lui ai demandé comment le peuple tunisien avait vécu cette épreuve. Il m'a répondu que jamais la cohésion n'avait été aussi forte. Bien sûr, il nous a fait part de ses inquiétudes, mais aussi de sa foi. Et de sa préoccupation première : l'emploi. J'avoue que nous avons tous été séduits. Il est exceptionnel de rencontrer autant de vivacité d'esprit chez un homme politique d'aussi grande et longue expérience». Valérie Pécresse, ancien ministre de l'éducation, actuelle députée des Yvelines, résumait ses impressions : «Le président de la République a défini pour nous sa vision de la Tunisie : une Tunisie ouverte, qui fait de l'éducation et de l'émancipation de la femme la clé de son développement. Une Tunisie qui veut de la croissance, de l'emploi, des cadres bien formés, et tout cela en liaison avec la France. Nous avons été très sensibles à ce discours, qui fait écho aux liens qui nous unissent. Quand il y a eu l'attentat du Bardo, nous nous sommes tous sentis Tunisiens. Et nous sommes tous venus pour dire aux Français : venez en Tunisie. Il ne faut pas que le flux touristique soit tari par cette menace. Le président porte en nous un formidable espoir. Le processus est engagé, nos destins sont liés. Tout ce qui se passe en Tunisie a des répercussions en France, et tout ce qui se passe en France a des répercussions en Tunisie». Autre témoignage, celui du professeur Bernard Debré, sommité médicale, député de Paris : «J'ai été très frappé par ce qui s'est passé en Tunisie, parce que nous sommes dans un pays, pour nous, emblématique : une liberté républicaine, une sorte de laïcité, une religion sereine. Les gens se sentaient bien. Cet attentat, l'endroit où il a eu lieu, la façon aveugle dont il s'est produit, tout cela a été épouvantable. Cette attaque symbolique d'une histoire qui est aussi la nôtre m'a extrêmement choqué. Il fallait que nous venions porter le témoignage de notre amitié. Il fallait venir montrer aux Français que l'on peut, que l'on doit venir en Tunisie, que l'on doit aller au Bardo, rencontrer les femmes et les hommes de Tunisie, et que l'on ne vous quittera pas. Ici sont réunis aujourd'hui des gens de droite, de gauche, des élus, des journalistes, des médecins. Tous rentreront témoigner et porter le message qu'il ne faut pas avoir peur. Car si on a peur, c'est qu'ils auront gagné». Nos destins sont liés : tel était le leitmotiv de tous ces amis de notre pays : celui de Fréderic Mitterrand qui, bien que discret ces derniers temps, n'a jamais cessé de revenir à Hammamet. Celui de Vincent Hervouet de TF1, et LCI à qui le président de la République empruntait sa phrase culte : «Ainsi va la vie». Celui d'Isabelle Debré, sénatrice de Haute Seine, qui annonce son retour en famille dans notre pays pour les vacances de Pâques. Celui de Christophe Girard, maire du 4e arrondissement de Paris, qui était récemment aux Dunes électroniques de Tozeur. Et probablement celui de Marie Laure Leguay, qui n'est autre que madame de Villepin. Ces «touristes officiels » ont été reçus par la suite par le Premier ministre, puis se sont rendus au musée du Bardo. «Un moment extrêmement émouvant», nous dira le professeur Philippe Bouchard, président de la société européenne d'endocrinologie, membre de l'Académie de médecine, tunisien de cœur. «Voir les traces de ces terribles évènements, les impacts de balles, les dégâts occasionnés a été très dur pour moi qui aime tant ce pays. Mais je suis heureux d'avoir partagé cela avec vous».