Le professeur émérite et doyen Abdelmajid Charfi, un des plus illustres universitaires et intellectuels tunisiens, a été honoré dernièrement par un jour ensoleillé, au centre culturel de Hammamet, à l'intérieur de l'espace magique «Dar Sébastien». Tous ceux qui étaient présents, toutes générations confondues, femmes et hommes, ont été un jour ses étudiants. Devenus à leur tour enseignants, ils lui ont offert, comme c'est de tradition dans l'université tunisienne, un mélange d'études et d'articles réunis en une publication offerte en son nom. Islamologue de renom, il a préparé son doctorat d'Etat sur le thème «La polémique islamo-chrétienne jusqu'au 10ème siècle». Pionnier de la Tunisie académique, il a enseigné de 1969 à 2002 et a été, de 1983 à 1986, doyen de la Faculté des Lettres et des sciences humaines de Tunis. Auteur, essayiste, professeur Charfi a écrit pas moins d'une quinzaine d'ouvrages, dont le dernier en date est «Marjaiyat el Islam essiyassi» (Les référentiels de l'islam politique), une étude à la fois historique et politique, publiée en 2014, en Tunisie, en Egypte et au Liban. Son essai «L'Islam entre le message et l'histoire» («Islam bayna rissala we etharikh»), un de ses célèbres écrits, a été traduit en plusieurs langues. Homme discret, c'est un intellectuel agissant, il publie de manière régulière dans des périodiques de référence tunisienne et étrangère. Seulement, un des mérites du professeur Charfi est celui d'être un grand diffuseur d'idées. Il maîtrise cet art fort utile de vulgariser des thématiques et concepts ardus, en les répandant à travers des ouvrages, à prix abordables, qui plus est. Il est, du reste, l'un des contemporains à avoir le plus marqué son temps, dans un domaine de recherche qui se situe au cœur de l'actualité et suscite autant de questionnements que de controverses, l'islam et sa capacité à tolérer ou non le processus de modernisation.