Le doyen des chanteurs tunisiens, voix d'or des années 50, vit de grosses difficultés matérielles et de santé. Menacé même de perdre son logis. Se peut-il? Nos confrères y ont appelé, nos amis du syndicat des musiciens ont accouru, nous les relayons avec la même inquiétude et le même sentiment d'urgence : Hédi Kallel, doyen de nos chanteurs, voix d'or des années 50, vit désormais dans l'insécurité et le besoin. A peine 200 dinars mensuels de pension, incapacité de subvenir à des frais de santé (problèmes cardio-vasculaires) et (un comble!) la menace imminente de perdre son logis, le nouveau propriétaire exigeant des locataires de libérer les lieux. La situation nous interpelle. Doublement. D'abord parce que nous nous rendons subitement compte que nous nous sommes laissés aller à l'oubli. Les publics oublient souvent leurs idoles. Pas les élites, pas les médias, pas la profession, pas la critique. Nous avons envers un artiste de la carrure de Hédi Kallel un impératif de reconnaissance et de mémoire. Si Hédi nous a donné de quoi être fiers de notre génie artistique national : des chansons qui nous racontent et qui ont la saveur du pays. Qu'il se soit retiré avec le temps ne nous dispense guère de garder le lien avec l'homme et son œuvre. Concrètement, ensuite, pourquoi les gens du métier, eux-mêmes, attendent-ils des situations limites comme celle-ci pour se rappeler au bon souvenir d'un de leurs illustres aînés? Pourquoi les hommes de radio, de télévison, les historiens de l'art, les médiateurs en vue, ont-il comme tiré un trait sur ce que représente un artiste musicien de la trempe de Hédi Kallel? Rien n'excuse, à notre avis, que des répertoires qui ont valeur de patrimoine soient si négligés, si occultés que l'on en arrive à perdre de vue jusque leurs auteurs de leur vivant! On schématise peut-être mais si la musique de Hédi Kallel avait été plus présente sur nos ondes et dans nos télévisions, le contact avec un si grand chanteur aurait à coup sûr été maintenu. Une solution et vite Concrètement maintenant : ni la situation matérielle actuelle de Hédi Kallel, ni son état de santé, et encore moins son problème de logis ne peuvent plus attendre. Un grand merci à Oussama Farhat et à ses collaborateurs du syndicat des musiciens tunisiens pour leurs prompte réaction, mais la vraie solution doit venir vite de l'establishment culturel et, pourquoi pas, des professionnels eux-mêmes (à titre individuel). A en croire ses familiers amis et proches du Kram, Sil Hédi est très affecté par ce qui lui arrive. Les artistes ont l'habitude de souffrir pour leur art. Une chose leur est, néanmoins, absolument insupportbale: l'abandon.