L'alimentation dite «naturelle» se présente comme une alternative à celle biologique destinée essentiellement à l'exportation. Dans un restaurant spécialisé en cuisine dite "macrobiotique" situé à Tunis, certains clients ne cessent de faire l'apologie de cette nouvelle alimentation très tendance de nos jours. Il s'agit d'une alimentation traditionnelle adoptée autrefois par nos aïeux et dont les italiens, à travers une association qui défend le retour au naturel, essaient de remettre au goût du jour. Il existe en Italie toute une filière de ce qu'on nomme la restauration issue de la culture de produits naturels, certes sans certification, mais comportant des étiquettes transparentes. Retour au traditionnel Moncef Belkheria, membre de l'Association des tunisiens des grandes écoles (ATUSE) et adepte de l'alimentation naturelle, indique que «contrairement aux produits biologiques destinés à l'exportation, notamment vers l'Europe et dont les coûts sont relativement élevés, l'agriculture tradionnelle, pratiquée par nos ancêtres selon des modes d'exploitations agricoles naturelles, ne comportait pas de produits chimiques». Derrière le retour à la consommation de produits naturels, il existe une philosophie dont les origines remonte à l'extrême orient. «L'idée est de sensibiliser les consommateurs ainsi que les producteurs à revenir aux méthodes traditionnelles de l'agriculture adaptées à nos conditions économiques et climatiques». C'est cette prise de conscience pour le «naturel» qui a émergé dans d'autres pays. «Les méthodes de consommation sont à revoir, notamment celle excessive de la viande qui n'est pas du tout justifiée. Dans d'autres pays, il y a des familles qui font des conventions avec des agriculteurs qui produisent spécialement pour eux. Ce qui prouve qu'il y a un intérêt particulier pour la nourriture considérée comme sacrée. Ca n'est pas encore le cas en Tunisie», note-t-il. Se nourrir «macrobiotique» Wafa, cadre dans une société, défend «la macrobiotique» : une cuisine qui utilise des produits locaux de saison ne contenant ni pesticides, ni produits chimiques et ne sont pas modifiés génétiquement, différents des produits bio. «Les produits naturels s'inscrivent dans la perspective de développement durable contrairement au bio qui a montré ses limites. Par exemple, les agriculteurs de culture biologique ne consomment pas forcément bio et destinent leur production à l'exportation ce qui engendre, du fait du transport, l'émission de CO2 en totale contradiction avec le développement durable que nous préconisons. Par ailleurs, la tarification de la certification bio est élevée et il faut la renouveler tous les six mois. Il s'agit de justifier que le produit ne contient pas de pesticides et d'OGM et cela à un coût. Enfin, le bio ne peut se faire à l'échelle de toute une population, du moins pour le moment», précise-t-elle. Si la certification n'existe pas pour les produits naturels, «l'étiquette transparente» sur l'emballage des produits donne des indications précises sur le lieu de la ferme où la récolte a été effectuée, l'année de la récolte, le nombre d'employés qui ont travaillé sur la récolte en question , les méthodes utilisées, l'origine de la graine, la fertilisation, l'énergie et l'eau utilisée etc. En outre, ce sont des produits low cost à la portée des bourses moyennes. Pour Tarak, cadre dans une entreprise et époux de Wafa, «manger naturel», lui va bien. «Je suis en très bonne santé et cela a un impact positif sur ma concentration et mon équilibre psychique et physique», dit-il. Le hic est que les marchés de produits naturels sont très rares et que le choix est restreint du fait d'une demande encore faible. Les prix sont, par conséquent, relativement élevés. Effet positif sur la santé Ahmed Ben Khalifa, enseignant universitaire en sciences économiques, ressources naturelles et environnement, convient qu'il est difficile de changer les habitudes alimentaires des gens, «mais une fois la décision est prise de manger naturel, cela aura un effet sur les dépenses élevées coûtent que les produits emballés préparés industriellement et la liste des achats sera diminuée ». Sur le plan santé, l'impact est tout aussi positif. Selon Fadhel Klaï, médecin et secrétaire général de l'ODC, la hausse des maladies cardiovasculaires, obésité etc. qui sont des maladies de santé publique, dont la prise en charge coûte cher à l'Etat, sont la conséquence d'une alimentation basée sur des produits industrialisés trop gras, trop sucrés ou trop salés. «L'alimentation alternative étudiée et saine réalisée à partir de produits simples et pas coûteux améliore sans aucun doute notre santé. J'invite tout le monde à s'y mettre».