Par Larbi DEROUICHE Qui donc parmi nos pairs, du métier du calvaire n'a pas eu froid dans le dos et des frissons, en parcourant les vingt articles du projet de loi nous promettant la condamnation ? Mettant bien, si tout va bien, pour ses ingénieurs mal inspirés, l'homme de plume, de la caméra et du micro, en même temps que l'homme du peuple (qui a émerveillé et fait le meilleur printemps arabe), à la merci des sautes d'humeur de l'homme du revolver ! Et cherche à faire retourner contre nous tous, excepté ceux qui se sont fait une place au soleil (grâce à notre printemps), le même revolver, fait et acheté de nos propres deniers pour nous défendre. La règle de trois... Les hommes politiques (au pouvoir) de la sacro-sainte République dite démocratique nous démontrent, par la règle de trois, qu'après avoir mis les quatre doigts et le pouce sur les deux pouvoirs, ils tendent et cherchent à étendre la main vers le quatrième. Et comme l'appétit vient en mangeant, pourquoi ne pas, plus tard, mettre la main et «annexer» le Palais de Justice au Palais de Carthage ? Comme cela, la boucle sera bouclée et tout le monde finira par «se la boucler». L'omerta sera parfaite et n'entendra plus parler de trouble-fêtes ? Ce qui est paradoxal, c'est que les promoteurs du singulier projet ont senti la braise en marchant, pour la plupart, dessus. Maintenant qu'ils sont dans le jardin d'Eden, ils s'amusent à jeter des pierres dans les jardins des médias. Et à préparer la fournaise, eux qui ont si souffert de la braise. L'homme-girouette sort du bois Tenez, même Marzouki, l'homme des droits de l'Homme et la gentille colombe qui s'est longtemps gargarisé des principes universels et du mot libre vient de se convertir, pour le besoin d'une certaine cause, en drôle de faucon pour placer son mot insipide, qui, aujourd'hui que l'homme girouette est hors-jeu, ne vaudrait pas son pesant de pois-chiche ni de cacahouète... Ajoutant de l'eau, peu limpide, au triste moulin qui nous promet la semoule du mauvais pain... Ceci malgré l'allergie aiguë qu'il a toujours traînée — en traînant majestueusement ses godasses et pantoufles sur les tapis rouges de Carthage — contre ceux qui ont tout cuisiné, à commencer par le chef cuisinier... Cela dit, la certaine cause dont nous venons de faire allusion nous semble certaine: gardant une dent contre ceux qui ont eu une dent dure, il saisit évidemment la balle au bond pour prendre sa revanche et se liguer contre ceux qui l'avaient «déchiré à belles» dents... L'air de dire à ceux-là que la vengeance est un plat qui se mange froid... Le chèque en blanc de la prison Cependant, nul être sensé censé avoir la tête sur les épaules ne disconviendrait que nos braves boucliers armés mériteraient d'être protégés après avoir été si malmenés, pour être en mesure de nous protéger. Mais de là à les couvrir si abusivement, cela nous même à un marché de dupes directement, marché où mène Ben Ali n'a jamais osé mettre les pieds, à travers la moindre loi ni décret. Et voilà qu'on tente aujourd'hui de légaliser, légitimer et parfaire vicieusement ce que l'homme de fer avait toujours fait dans l'illégalité cherchant à nous faire signer un chèque en blanc qui nous exposerait éventuellement au risque de croupir dans les ténèbres des prisons. Et finissant par faire basculer fatalement notre révolution exceptionnelle à un régime d'exception. Cela dit, le «ghoul» du fameux «Ettaghaouel» semble aujourd'hui faire ses premiers pas. Il vient d‘être lâché de La Kasbah. Il est à nos portes, derrière les portes de la coupole du Bardo, «allongé sur le dos», au bureau du maître du micro et du marteau... montrant les dents à une majorité de vieux combattants, ayant connu le bâton, semblant prêt à prendre le mort aux dents, pour dire à l'unisson, à travers le tableau lumineux, non ! Mille fois ! Et à «l'ogre» : «Ote-toi de là»!.